Festival de Busan | Critique : That Summer’s Lie

Da-young est lycéenne et son devoir est d’écrire sur ses vacances d’été. Elle choisit comme thèmes sa relation et ses conflits avec son petit ami, Byung-hoon, qui est dans la même classe. Quand elle remet le devoir, son professeur l’interroge sur des détails jugés choquants, et la jeune femme est obligée d’écrire une lettre d’excuses…

That Summer’s Lie
Corée du Sud, 2023
De Sohn Hyun-lok

Durée : 2h18

Sortie : –

Note :

UNE HISTOIRE A SOI

Da-young est convoquée par un enseignant dans son lycée et cet entretien vient froidement interrompre les souvenirs et rêveries qui semblent constituer les premiers plans impressionnistes du long métrage. Le professeur adresse à la jeune fille cette réplique cinglante : « Vous pensez que c’est bien pour une étudiante d’être aussi franche ? », ajoutant, non sans sel, « Même si c’est vrai ? ». Da-young a dû en effet décrire une expérience personnelle pour un devoir de vacances et le contenu de sa rédaction a visiblement de quoi chiffonner son école. Mais sur quoi Da-young a-t-elle écrit au juste ?

Sans être purement dans la lignée de Hong Sangsoo, That Summer’s Lie ménage un léger flou entre ce qui est vécu, ce qui est écrit, ce qui est perçu à la lecture, et ce qu’on voit. La première partie installe avec efficacité un ton tragi-comique, qu’il s’agisse d’une rupture sentimentale où la tristesse du garçon en larmes se transforme en jérémiades passives-agressives, ou bien de jeunes femmes qui se cognent alors que l’une porte un élégant t-shirt à imprimé L’Amour – Paris. La suite sera plus amère, malgré les sons feutrés de la ville qui enveloppent les protagonistes.

Dans son premier long métrage, le Coréen Sohn Hyun-lok questionne de manière d’abord très périlleuse, puis de manière plus complexe, le point de vue de son héroïne mais aussi celui des autres protagonistes et celui du public. Da-young est la narratrice : c’est elle qui raconte, c’est à elle qu’on demande de témoigner, de confirmer ou d’infirmer, à l’oral ou à l’écrit. Mais quel que soit le fil narratif que l’on peut dérouler pendant ces 2h18 sinueuses, au bout du compte, sa parole est toujours remise en question et personne ne semble prêt à l’écouter. Qu’est-ce qui reste indicible dans l’expérience de Da-young, que reste-t-il d’informulé – et de quoi ses interlocuteurs ne veulent pas entendre parler ?

L’épure et le découpage délicat mettent en valeur les comédiens, notamment l’impressionnante Park Seo-yoon dans le rôle principal. Le film parvient à être minimaliste et ample à la fois, même si ce récit ambitieux et labyrinthique peut parfois manquer de fluidité ou d’une dynamique plus nette. Peu à peu se dessine le portrait d’une adolescence sans manuel, d’une solitude sous de festives baudruches aux couleurs vives – Da-young, d’un bout à l’autre du film, semble condamnée à danser toute seule.

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par Nicolas Bardot

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