Festival CPH:DOX | Critique : The Kingmaker

The Kingmaker part à la rencontre de la politicienne et ancienne première dame des Philippines, Imelda Marcos, ex-épouse de Ferdinand Marcos. Malgré sa disgrâce, Imelda Marcos occupe toujours un poste politique dans son pays.

The Kingmaker
Etats-Unis, 2019
De Lauren Greenfield

Durée : 1h41

Sortie : –

Note :

TOUT VA TRÈS BIEN, MADAME LA MARQUISE

Dans ses documentaires The Queen of Versailles, Generation Wealth ou ce nouveau The Kingmaker, la réalisatrice américaine Lauren Greenfield s’intéresse à de richissimes protagonistes et aux pathologies liées à l’argent. Le cas de The Kingmaker est complexe puisque Greenfield fait le portrait d’Imelda Marcos, l’épouse très controversée de Ferdinand Marcos et elle-même femme politique. Celle-ci, très vite, nous parle de son paradis perdu, de tout ce qui autrefois était beau. Et il faut se pincer lorsque Marcos explique que les années de loi martiale imposées par son époux étaient « les meilleures années ».

Les tortures d’opposants et les agressions sexuelles pouvaient bien être monnaie courante, Imelda Marcos semble flotter dans une autre dimension. On connaît les lubies farfelues de l’ancienne première dame, comme sa passion pour les chaussures qu’elle possède par milliers. Mais il y a aussi ici, au mieux, une complaisance extraordinaire vis-à-vis des exactions commises par son mari. C’est l’hésitation sur laquelle The Kingmaker se tient, comme sur la pointe des pieds. Imelda Marcos pense t-elle ce qu’elle dit ? Se persuade t-elle jusqu’à y croire ? Ou joue t-elle la comédie face à la caméra ?

On écarquille en tout cas les yeux face à cette femme qui ne comprend pas ce qu’on peut bien lui reprocher lorsqu’elle mène un train de vie impensable aux frais du peuple philippin, achetant des buildings de luxe à New York comme on achèterait une baguette de pain, vivant parmi les toiles de maîtres et ayant toujours une énorme liasse de billets dans la poche. The Kingmaker parle d’un traumatisme national, il parle aussi de l’absence de mémoire. La famille Marcos compte bien revenir au pouvoir et le rêve en ruines d’Imelda reste un rêve qui bouge. Lorsque celle-ci, après avoir innocemment botté en touche sur tout ce qu’on pouvait lui reprocher à elle ou son dictateur d’époux, confie qu’« il y a des choses qu’il faut oublier », le portrait assez classique de ce personnage absolument hors normes se pare d’une vénéneuse ambiguïté.

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par Nicolas Bardot

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