A voir en ligne | Critique : Styx

Rike, quarante ans, est médecin urgentiste. Pour ses vacances, elle a planifié un voyage en solitaire pour rejoindre l’île de l’Ascension depuis Gibraltar, une île au nord de Sainte-Hélène, où Darwin avait planté une forêt entière. Seule au milieu de l’Atlantique, après quelques jours de traversée, une tempête violente heurte son vaisseau. Le lendemain matin, l’océan change de visage et transforme son périple en un défi sans précédent…

Styx
Allemagne, 2018
De Wolfgang Fischer

Durée : 1h35

Sortie : 27/03/2019

Note : 

DOMICILE STYX

Rike a une trentaine d’années et sait ce qu’elle fait. Son métier d’infirmière lui donne la tête sur les épaules et de la suite dans les idées. Quand, passée une brève séquence d’introduction, elle se lance à bord de son bateau dans une traversée en solitaire de plusieurs jours, on se dit que l’endurance demandée ne doit pas lui paraitre beaucoup plus effrayante que les accidents auxquels elle assiste chaque jour. Elle va au charbon, comme on dit, et le film avec.

Dépourvu de dialogues dans sa plus grande partie, Styx réussit un drôle de paradoxe : celui de prendre son temps (les rituels techniques à bord du bateau son filmés dans leur intégralité) et celui d’être – justement – un film d’« actions ». Un film sec et nerveux, qui ne mettrait en scène que des actions, sans tergiversations psychologique.

Alors qu’une tempête s’annonce, Rike balaye d’un sourire l’idée de faire demi-tour, et retrousse ses manches. Mais la traversée du styx n’est pas sans conséquence. Un plan furtif, une coupe brutale, une ellipse : l’espace d’un instant, Rike disparait du cadre et de son embarcation. Elle réapparait vite mais la suite du film ne lui appartient pour ainsi dire plus. Une fois l’orage passé, Rike se retrouve face à une embarcation en train de couler, avec à son bord des dizaines de réfugiés en détresse. Dans l’attente nerveuse des garde-côtes, Styx devient alors un autre genre de survival : un film de suspens où ce ne plus la survie de Rike qui est en jeu, mais celle de ceux qu’elle ne peut pas aider seule.

Si le film n’évite pas une maladresse ou deux (un plan convenu de l’héroïne face à sa conscience devant son miroir), il contourne plutôt les pièges des white tears (coucou, The Last Face) et surtout les lourdeurs de l’héroïsation sentimentaliste à l’américaine. Tourné en conditions réelles en haute mer, Styx est au contraire souvent d’un réalisme qui fait froid dans le dos.


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par Gregory Coutaut

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