Berlinale | Critique : Someday We’ll Tell Each Other Everything

Eté 1990 dans un village de Thuringe. Maria, bientôt 19 ans, vit avec son ami Johannes dans la ferme de ses parents et préfère se perdre dans les livres plutôt que de passer son bac. Bientôt, elle tombe sous le charme d’Henner, un fermier, deux fois plus âgé qu’elle.

Someday We’ll Tell Each Other Everything
Allemagne, 2023
De Emily Atef

Durée : 2h09

Sortie : –

Note :

L’ÉCOLE DE LA CHAIR

Quelques semaines à peine après la sortie chez nous de son long métrage Plus que jamais, la cinéaste franco-allemande-iranienne Emily Atef présente déjà son nouveau film en compétition à la Berlinale (cinq après Trois jours à Quiberon). Production entièrement allemande et germanophone, Someday We’ll Tell Each Other Everything se déroule au moment de la réunification du pays suite à la chute du Mur de Berlin. Il ne s’agit pourtant pas à proprement parler d’un film historique puisque l’action se déroule loin de la vie moderne dans un coin de campagne qui pourrait sortir de n’importe quelle décennie, et que le sujet se trouve de toute façon ailleurs : l’apprentissage amoureux d’une jeune fille de 19 ans avec un homme plus âgé.

Cela n’empêche pas Emily Atef d’accorder beaucoup de place au travail de reconstitution, avec un zèle parfois étonnant (la direction artistique donne envie d’inventer l’expression wallpaper porn) et sans toujours éviter les passages obligés un peu faciles : un filtre jaune nostalgique, des tubes populaires fredonnés en voiture, et des déjeuners familiaux dans le jardin tout droit sortis d’une pub pour la chicorée. La famille de Maria est enfin réunie au grand complet, mais la jeune fille a d’autres choses en tête. A défaut de se sentir emportée par l’Histoire, elle est comme hypnotisée par l’histoire d’amour qu’elle vit en cachette avec un voisin de plus de deux fois son âge.

Emily Atef ne creuse peut-être pas aussi loin que possible le parallèle entre ces deux renaissances, et pour un film dont le titre promet de tout dire, Someday… fait parfois un peu du sur place. Mais la cinéaste fait preuve d’équilibre et de savoir faire en mettant en scène un va-et-vient entre des scènes de liesse collective et des scènes intimes entre les deux amants. Par la place que ces dernières laissent à la fois au silence et à la sensualité (mention spéciale au charismatique Félix Kramer), ces scènes apportent a l’ensemble un relief bienvenu. Someday… ne déborde peut être pas toujours avec assez de fougue des cases romanesques de son récit, mais ce drame appliqué se laisse regarder sans déplaisir.

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par Gregory Coutaut

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