Festival Premiers Plans | Critique : Slow

La danseuse Elena rencontre l’interprète en langue des signes Dovydas.  Ils décident de construire ensemble leur propre type d’intimité.

Slow
Lituanie, 2023
De Marija Kavtaradze

Durée : 1h44

Sortie : –

Note :

HE WAS A BOY, SHE WAS A GIRL

Quelque part en Lituanie, à l’occasion d’un cours de danse, une fille rencontre un garçon. Qu’est-ce qui pourrait être plus évident ? Elle (Elena) enseigne le danse moderne avec un enthousiasme visible, lui (Dovydas) s’efface sérieusement derrière sa tâche de traducteur en langue des signes. Pour un peu, on se croirait dans la chanson Sk8er Boy d’Avril Lavigne, et comme disent les paroles « comment être encore plus clair » ? Pourtant il y a ici comme un grain de sable dans la mécanique bien connue. D’abord au sens propre : l’image en pellicule de Slow possède un gros grain émouvant, comme si les scènes qui se déroulaient sous nos yeux étaient des souvenirs intimes, rendus plus poignants avec le temps. Comme si tout cela nous était raconté en cachette alors que l’histoire a pris fin depuis longtemps.

L’autre grain vient de l’annonce que Dovydas fait à Elena : il est asexuel. Il est bel et bien attiré romantiquement par Elena, mais il ne ressent aucun désir sexuel ni pour elle ou une autre. Si la réalisatrice Marija Kavtaradze (lire notre entretien) dit s’être beaucoup renseignée sur la question et qu’elle la traite intelligemment en effet, Slow n’est pas pour autant un simple film sur le sujet. Avec un ton très doux mais jamais naïf, le film raconte une histoire d’amour naissante entre deux personnes qui ont chacune leur définition de l’intimité et qui vont devoir les conjuguer.

La trame est classique mais Slow fait néanmoins preuve de personnalité dans son écriture. Le film trouve son rythme propre, mais aussi surtout son charme, dans son utilisation récurrente des ellipses et surtout des silences. Il y a ceux imposés par les nombreuses scènes consacrées aux métiers des protagonistes, où leurs corps lâchent prise et s’expriment en silence. Puis il y a les silences doux, naturels, qui remplacent avec bonheur d’éventuels dialogues artificiels et qui rendent cette miniature amoureuse plus réaliste qu’ailleurs, donc plus touchante.

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par Gregory Coutaut

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