Festival de Karlovy Vary | Critique : Silence 6–9

Aris et Anna se rencontrent un soir dans une ville à moitié abandonnée entourée de pylônes électriques. Dans ce monde étrange et onirique, les deux âmes solitaires commencent progressivement à développer des sentiments l’une pour l’autre…

Silence 6-9
Grèce, 2022
De Christos Passalis

Durée : 1h21

Sortie : –

Note :

SANS UN BRUIT

S’il signe son premier long métrage en tant que réalisateur avec ce Silence 6-9, Christos Passalis, également à l’affiche de ce film, est un visage familier du cinéma grec contemporain. On a pu voir le voir dans Canine de Yorgos Lanthimos ou The Miracle of the Sargasso Sea de Syllas Tzoumerkas. Le décalage mêlant comédie absurde et malaise existentiel, l’un des motifs de ce cinéma, saute assez vite aux yeux dans Silence 6-9. Passalis parvient néanmoins à éviter le décalque épuisé, contrairement au récent Apples de Christos Nikou, sorti au printemps dernier chez nous.

Un chant d’oiseaux ouvre Silence 6-9, son intensité a quelque chose d’un peu incongru dans cette étrange nuit. Passalis, son directeur de la photographie Giorgos Karvelas et son décorateur Márton Ágh parviennent à créer un curieux décor de SF, un lieu apocalyptique, à bout de souffle. L’atmosphère visuelle est l’un des succès de ce film esthétiquement cohérent et inspiré. Cette sombre élégance peut ainsi nous faire avaler la bizarrerie du récit… jusqu’à un certain point.

Il est question dans Silence 6-9 de disparitions mystérieuses, de souvenir et au contraire de personnes qui préféreraient oublier. Les étranges rituels s’accumulent, comme cette idée poétique et mystérieuse d’heures silencieuses imposées. Dans ces limbes, qui regarde qui et où sont les vivants ? Passalis laisse de l’espace à l’interprétation, mais l’écriture nous semble, dans la deuxième partie du long métrage, trop nébuleuse et en roue libre. Le film garde pour lui une singularité plutôt séduisante, qui tient aussi beaucoup au charisme de la brillante Angeliki Papoulia.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article