Festival Visions du Réel | Critique : Searchers

A New York, pendant le confinement, la recherche du.de la partenaire idéal.e ou simplement d’une personne avec laquelle passer un bon moment, devient pour beaucoup un besoin quasi-vital. La solitude de l’isolement est compensée par les réseaux sociaux…

Searchers
Etats-Unis, 2021
De Pacho Velez

Durée : 1h20

Sortie : –

Note :

RIEN QUE POUR VOS YEUX

Searchers débute par un regard caméra. Un jeune homme nous scrute, nous jauge, nous soumet à son œillade sexy et légèrement intrusive. En une seule scène, voilà notre place de spectateur délicieusement remise en question, comme lorsque l’on croise le regard d’un inconnu avant de réaliser que celui-ci scrute en réalité quelqu’un derrière notre épaule. C’est précisément le cas du jeune homme en question : l’objet de son regard désirant, ce n’est pas nous mais les profils de l’appli de rencontre qu’ils est en train de scroller. La caméra du cinéaste Pacho Velez est pour ainsi dire cachée juste derrière la coque du téléphone, derrière l’écran d’ordinateur, comme si nous étions nous-mêmes ces objets. S’il est utilisé à répétition et sans beaucoup de nuances, le procédé demeure particulièrement ludique.

Gentil carrousel d’intervenants d’âges et de profils divers, Searchers compose une mosaïque particulièrement inclusive de la métropole new-yorkaise et de ses très nombreux usagers (c’est le sens du titre). D’ados lesbiennes polyamoureuses aux profs de philo hétéros aux cheveux blanc, tous se succèdent à l’écran pour éplucher des profils anonymes (invisibles à l’écran pour des raisons évidentes), pour remplir tant bien que mal le leur à coup de questions absurdes (« Doit-il y avoir des frites au menu de tout bon premier rendez-vous »?), pour déchiffrer les néo-euphémismes (le mot intimité remplace celui de sexualité), et pour naviguer entre espoirs, fierté et désillusion. Cette ronde de rituels conserve des dimensions modestes, sans doute un peu superficielles sur la longueur, mais sa modestie et sa fraicheur en font néanmoins une promenade charmante, à l’image de l’animation qui réenchante les rues de la ville à la fin du confinement.

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par Gregory Coutaut

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