Critique : Sans signe particulier

Magdalena entreprend une traversée du Mexique à la recherche de son fils, disparu lors de son trajet vers la frontière. Durant son parcours, Magdalena fait la connaissance de Miguel, un jeune homme qui vient d’être expulsé des États-Unis. C’est ainsi qu’ils s’accompagnent : Magdalena à la recherche de son fils, Miguel attendant de retrouver sa mère, dans un territoire incertain où déambulent ensemble victimes et bourreaux.

Sans signe particulier
Mexique, 2021
De Fernanda Valadez

Durée : 1h35

Sortie : 22/09/2021

Note :

LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT

Sans signe particulier, qui arrive sur nos écrans après un beau parcours en festivals, possède une scène d’ouverture qui n’a pas besoin de plus que quelques secondes pour nous happer : une seule phrase murmurée face à la caméra, accentuée par un cadrage judicieux et suivie d’une ellipse vertigineuse. Pour son tout premier film, la réalisatrice mexicaine Fernanda Valadez fait d’emblée preuve dans son écriture d’assurance et de dextérité.

Avant que ne se détache la figure de Magdalena, partie à la recherche de son petit-fils disparu dans le désert qui sépare le Mexique des États-Unis, il n’est pas évident de dire immédiatement qui est le personnage central de Sans signe particulier. C’est le contraire d’un défaut : à coup de scènes brèves et aigües, Fernanda Valadez compose une mosaïque de points de vue. En lançant différentes pistes, elle crée une structure narrative loin des clichés des films-dossiers-de-l’écran qui se cachent derrière la dignité de leur sujet. Fernanda Valadez ne met aucun guillemet autour de la dignité de ses personnages, ni sur la violence à laquelle ils doivent faire face. Mais ce que le film documente, il le fait avec des outils cinématographiques au fort pouvoir d’évocation.

Magdalena remonte la piste suivie par son petit-fils et s’enfonce elle aussi peu à peu dans un no man’s land désertique qui capture les vivants et avale les morts au point que leurs corps deviennent impossibles à identifier (d’où le titre). Au fil du l’enquête de Magdalena, la forme du film évolue. Les compositions horizontales, qui laissent d’abord beaucoup de place autour des personnages, se resserrent de plus en plus. Le soleil d’un jaune presque blanc (qui aplatit d’ailleurs un peu trop l’image) laisse place à une nuit silencieuse. Le film entier laisse de plus en plus au mystère, de décrochages en métaphores audacieuses. Sans signe particulier n’en devient pas moins accessible ou mois proche du réel, il n’en gagne que davantage d’ampleur.

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par Gregory Coutaut

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