Critique : Sans jamais le dire

Léna a 17 ans. Elle aspire à la liberté et à l’aventure jusqu’à ce jour où son monde intérieur se fracasse. Léna se replie alors sur elle-même.

Sans jamais le dire
Slovaquie, 2017
De Tereza Nvotová

Durée : 1h28

Sortie : 17/10/2018

Note : 

DU SILENCE ET DES OMBRES

Le tout début de Sans jamais le dire ne donne pas immédiatement tous les indices sur ce qui se déroule. L’héroïne est angoissée et l’on ne sait pas bien si elle est en train d’être soignée ou torturée. C’est l’une des perspectives plutôt finement explorées par ce premier long métrage signé par la jeune Slovaque Tereza Nvotova (lire notre entretien). C’est un film sur le viol, sur ses circonstances, et sur ce qui se passe après.

Sans jamais le dire ne s’attache pas avant tout au statut de victime de la jeune héroïne agressée. Nvotova se penche plus précisément sur sa réaction légitime qui est de ne pas souhaiter en parler. L’objet pourtant, comme le commente la réalisatrice, est de tenter de « briser le silence ». Lena, personnage principal du film, est complexe, sa psychologie n’est pas évidente, et les choses ne sont pas aussi simple que dans un rape & revenge. Sans jamais le dire met en scène la double peine des victimes d’agression sexuelle : l’agression elle-même et le fait de devoir la formuler.

Sans jamais le dire s’inscrit dans une certaine veine très brute du cinéma de l’est, sans aucune sentimentalité. L’horizon étriqué, les plans sur les visages donnent l’impression que la caméra ne peut pas aller bien loin. Et il y a une blancheur comme un linceul qui semble recouvrir tout le film. La blancheur, aussi, des institutions psychiatriques, dans une société où l’on traite les victimes comme des fous. Le film livre cette expérience intense et nuancée à travers un portrait certes chargé mais sans concession.

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par Nicolas Bardot

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