Critique : Ramona fait son cinéma

De retour à Madrid avec son petit ami Nico, Ramona veut tenter sa chance comme actrice. La veille d’une première audition, elle fait une rencontre pleine de promesses. Elle ne se doute pas que celle-ci va chambouler ses rêves et ses certitudes.

Ramona fait son cinéma
Espagne, 2022
De Andrea Bagney

Durée : 1h20

Sortie : 17/05/2023

Note :

CONTE DE CINÉMA

La première séquence de Ramona fait son cinéma ne pourrait pas davantage mettre les points sur i. Il n’y a en effet pas grand doute du registre dans lequel on se trouve devant cette rencontre impromptue entre une femme et une homme au comptoir d’un bar. Le mot « coup de foudre » ne va pas tarder à être prononcé par l’un des deux protagonistes mais nous n’avons même pas besoin de l’entendre pour le comprendre. Dans ce premier long métrage de la réalisatrice espagnole Andrea Bagney, l’hommage à la comédie romantique est manifeste et enthousiaste, sans être naïf.

D’une part parce que cette première discussion amoureuse déborde vite, grâce à la dose d’alcool généreusement disproportionnée ingurgitée par les protagonistes. Ces derniers citent d’ailleurs l’ironie de Woody Allen ou de la trilogie Before de Richard Linklater, pas les plus niaises des références. Puis, parce que dans l’écriture et la mise en scène, l’artifice est partout. Il est dans le noir et blanc qui transforme le générique de début en clin d’œil au vieil Hollywood comme à la Nouvelle vague, on le retrouve dans le découpage en chapitres presque conceptuel, dans l’irruption subite de la couleur, et bien sûr dans les différents niveaux de mise en abyme tissés par la cinéaste.

Ramona ressemble en effet à un mini casse-tête, et si la liste des références ci-dessus n’était déjà pas écrasante, on y rajouterait bien Hong Sangsoo. Ramona n’est pas le prénom de l’héroïne, mais celui du personnage qu’elle doit jouer lors d’un futur casting. Or, le mystérieux inconnu rencontré au début du film se révèle par la suite être le directeur de casting, et le film qu’il prépare raconte justement un fait divers très similaire à cette histoire déjà joliment tordue. Le film a beau être relativement bref, il ne se tire pas toujours gracieusement de tant d’accumulation de jeux narratifs, et ces derniers finissent par embrouiller un peu. C’est au contraire quand elle espace ces gimmicks que la cinéaste parvient à ses meilleures scènes, grâce à une certaine malice et un art de la direction d’acteur.

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par Gregory Coutaut

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