Critique : Promising Young Woman

Tout le monde s’entendait pour dire que Cassie était une jeune femme pleine d’avenir…jusqu’à ce qu’un évènement inattendu ne vienne tout bouleverser. Mais rien dans la vie de Cassie n’est en fait conforme aux apparences : elle est aussi intelligente que rusée, séduisante que calculatrice et mène une double vie dès la nuit tombée. Au cours de cette aventure passionnante, une rencontre inattendue va donner l’opportunité à Cassie de racheter les erreurs de son passé.

Promising Young Woman
États-Unis, 2020
De Emerald Fennell

Durée : 1h48

Sortie : 26/05/2021

Note :

LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES

La première moitié de Promising Young Woman ressemble à un cupcake mignon. Cassandra (Carey Mulligan, fort charismatique), promène sa bouille juvénile et ses ongles vernis façon smarties dans des cafés aux couleurs ravissantes ou des salons au kitsch rococo. Autour d’elle, d’excitants seconds rôles féminins (Jennifer Coolidge, Alison Brie, Laverne Cox) viennent parader, jouer leur scène… et puis s’en vont. Le drôle de scénario de Promising Young Woman se déroule en effet avec un côté vignettes, propre à une écriture télévisuelle, c’est à dire une écriture pop, ludique, percutante, mais aussi un peu artificielle. On n’a pas vraiment le temps de se demander si ce cadre digne d’un clip de Katy Perry est bel et bien le plus propice aux nuances les plus subtiles que la réalisatrice et scénariste Emerald Fennell épice sa bonbonnière avec des confiseries bizarrement acidulées : les morceaux pour dancefloors prennent des airs menaçants, et Viva Forever des Spice Girls laisse place au thème de La Nuit du chasseur.

Dans ce rape and revenge twisté qu’est Promising Young Woman, c’est la femme qui chasse, et les proies sont les nice guys, ces faux gentlemen trop propres sur eux qui essaient tant bien que mal de cacher leurs instincts prédateurs. A l’heure de la fermeture des bars, Cassandra fait semblant d’être une jeune femme en détresse, trop ivre et endormie pour rentrer seule chez elle. Chaque soir, elle se laisse ramener par un faux prince charmant déjà affamé, et au moment où celui-ci menace de profiter de son ébriété pour la violer, elle se relève pour… lui faire la leçon. Sans violence physique, mais avec la volonté féroce d’obliger ces sales mecs à ouvrir grand leur placards et se regarder dans un miroir. Croire que, une fois passée l’humiliation, ces connards vont changer d’attitude envers les autres filles, c’est transformer la friandise en pilule en peu dure à avaler. Mais celle-ci possède un arrière-goût encore plus bizarre.

Le film prend le parti que l’on va forcément être du côté de cette héroïne en lutte contre le machisme, alors même que celle-ci se comporte comme une sociopathe, y compris envers des femmes. Il y a une excitation jubilatoire à voir Cassandra humilier des mecs en crescendo, mais qu’est-on censé ressentir lorsqu’elle fait croire à une femme que sa fille est en train d’être violée au moment où elle lui parle, ou quand elle fait croire à une autre qu’elle a été droguée et abusée dans son sommeil, c’est à dire lorsqu’elle utilise des armes similaires à celles de violeurs et que le scénario ne remet pas en question l’éthique de ses actions ? Il y aurait un film passionnant à faire sur une jeune femme qui s’octroie gratuitement un rôle d’ange de la vengeance, et qui l’exécute avec une maladresse hyper-malaisante, mais ce n’est pas le point de vu de Promising Young Woman. Cassandra est-elle victime de sa psychose mégalomane, ou bien est-elle bel et bien une super héroïne badass ? Malgré ses séduisants atours et ses attachantes qualités, le film ne tranche pas entre ces deux portraits, et il échoue par conséquence sur les deux tableaux.

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par Gregory Coutaut

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