Festival de Turin | Critique : Palm Trees and Power Lines

Léa, dix-sept ans, musarde au cours d’une jour­née d’été apa­thique. Cette lan­gueur mono­tone est inter­rom­pue par la ren­contre for­tuite avec Tom, un gar­çon plus âgé au charme rava­geur, qui va per­mettre à la jeune fille d’échapper à sa vie d’adolescente frus­trée. Mais la pré­sence du gar­çon se fait de plus en plus sen­tir et finit par éloi­gner Léa des siens. Elle réa­lise alors que les inten­tions de Tom ne sont pas si innocentes.

Palm Trees and Power Lines
Etats-Unis, 2022
De Jamie Dack

Durée : 1h50

Sortie : –

Note :

MAUVAISE CONDUITE

Des palmiers et des pylônes, c’est à peu près la seule chose qui se trouve dans le horizon de Lea, ado coincée dans un coin anonyme et pas très reluisant des Etats-Unis digne d’un décor de Sean Baker. Coincée entre sa mère indigne et ses potes relous, elle passe l’été à s’ennuyer. Lorsque quelque chose arrive enfin, c’est sous la forme de Tom, un homme séduisant de deux fois son âge, fanfaron au physique trop hollywoodien qui la drague à coup des clichés tel que « tu n’es pas comme les autres filles ».

Il n’y a pas que le décor de cette morne banlieue estivale qui nous soit familier. Le premier long métrage de la réalisatrice Jamie Dack (qui adapte ici son propre court métrage du même nom) semble être la nouvelle maison témoin sortie de l’usine à films-indés-mais-surtout-pas-trop de Sundance. Les personnages ont beau être à la marge financièrement comme moralement, le film arrondit les angles pour se rendre très accessible, roulant avec un certain savoir-faire, mais il est surtout très lisse. Même la photo de la brillante chef opératrice Chananun Chotrungroj (Karaoke Girl, La Troisième femme, The Edge of Daybreak…), d’abord d’une blancheur opaque troublante, finit par devenir d’une joliesse un peu trop sage.

Léa est-elle en train de se faire pigeonner en beauté ? Tom est-il un salaud ou un prince charmant ? La réalisatrice prend le parti de ne pas répondre à la question avant la deuxième moitié du film. Pourquoi pas mais en attendant, ses personnages manquent justement de chair et de dimensions pour que ce point d’interrogation reste intrigant bien longtemps. A force de ne pas choisir son itinéraire, Palm Trees… suit effectivement la route droite des arbres et des poteaux, sans danger ni passion (soit dit au passage, le film est étonnamment prude, jusqu’à rendre ironique la réplique de le meilleure amie de Lea : « réveille-moi quand vous aurez enfin baisé »). C’est d’autant plus dommage car le scénario montre qu’il sait effectuer un virage inattendu… mais dans les toutes dernières minutes.

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par Gregory Coutaut

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