Critique : Once Upon a Time… in Hollywood

En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.

Once Upon a Time… in Hollywood
Etats-Unis, 2019
De Quentin Tarantino

Durée : 2h41

Sortie : 14/08/2019

Note :

SUNSET BOULEVARD

Once Upon a Time… in Hollywood, le nouveau film de Quentin Tarantino, est une grande lettre d’amour adressée au cinéma – à sa magie, à ses acteurs, à son industrie. C’est tout à fait vrai, et l’on sait à quel point l’œuvre du cinéaste cinéphile est marquée par le pouvoir de la fiction – une fiction qui peut renverser Hitler (Inglourious Basterds) comme les esclavagistes (Django Unchained). Cette nouvelle lettre d’amour est rédigée avec tellement de soin qu’elle est même glissée dans la poche arrière de tous les spectateurs (critiques compris) de son nouveau film. Mais la déclaration, à nos yeux, ne respire pas, et Once Upon a Time, qui assume dès son intitulé sa nature de conte, nous a semblé être le film le plus empaillé de son auteur.

Le héros du film est un loser magnifique et acteur de western. C’est une figure qui semble familière, automatiquement aimée par toute une frange de spectateurs, mais on peut aussi trouver que ressortir la figure du loser-magnifique-de-western a quelque chose de particulièrement figé. Le protagoniste lui-même semble figé dans son passé, mais le regard amoureux que Tarantino pose sur lui ne le sort pas de sa naphtaline. Face à lui, sa doublure est incarnée par Brad Pitt. Comme dans les deux tiers de sa filmographie, Brad Pitt est filmé comme un posterboy incarnant le cool, pour les garçons qui aimeraient être cool comme Brad Pitt. La description peut sembler cynique ; c’est pourtant tout ce qu’il est chez Soderbergh, littéralement dans Fight Club et de manière rayonnante ici. On peut être charmé, on peut aussi bailler. Là encore, le film ne semble jamais sortir de ses images glacées.

On ne demande pas à tous les films de signer la charte du woke. Mais on se demande toujours pourquoi mettre à l’écran des personnages féminins (comme ici celui de Sharon Tate jouée par Margot Robbie) si l’auteur du scénario ne se donne pas la peine de les écrire – comme si c’était facultatif. Doit-on se contenter de bien filmer l’actrice, de la voir rire tendrement lorsqu’elle se découvre à l’écran, pour pouvoir dire qu’on a devant les yeux un personnage ? Tarantino semble avoir pris du plaisir à écrire le personnage incarné par Leonardo DiCaprio, semble avoir pris du plaisir à filmer Brad Pitt jouant Brad Pitt. Le personnage de Robbie ressemble souvent à un prétexte un peu paresseusement exploité – alors qu’on sait Tarantino capable d’écrire des personnages féminins complexes (comme dans Jackie Brown) ou charismatiques (comme dans Kill Bill) – les deux fois bien aidé par le talent des actrices employées.

On ne spoilera pas Once Upon a Time… in Hollywood, mais le procédé très spécifique utilisé ici sent la redite et là encore manque de fraicheur. Le dénouement qui flirte avec un ridicule cartoonesque peut susciter une certaine gêne qu’on n’avait encore jamais ressentie devant l’un de ses films. Sur ses presque 3 heures, Once Upon a Time donne l’impression d’être un film rempli, mais l’ensemble nous a paru malheureusement assez vide. Et pour la première fois, un film de Quentin Tarantino nous a semblé vieux.

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par Nicolas Bardot

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