Critique : Olga

2013. Une gymnaste de 15 ans est tiraillée entre la Suisse, où elle s’entraîne pour le Championnat Européen en vue des JO et l’Ukraine où sa mère, journaliste, couvre les événements d’Euromaïdan.

Olga
Suisse, 2021
De Elie Grappe

Durée : 1h27

Sortie : 17/11/2021

Note :

BARRES PARALLÈLES

Olga a 15 ans. Le cliché voudrait que ce soit un âge de tous les possibles, mais son avenir de gymnaste professionnelle est déjà tracé droit devant elle, aussi géométrique que les barres parallèles sur lesquelles elle s’entraine. Son destin ne se trouve plus dans son Ukraine natale où sa sécurité n’est de toute façon plus garantie, mais dans un centre d’entrainement olympique en Suisse où chacun semble venir d’ailleurs et parler une langue différente (symbole d’une Europe multilingue et supposément accueillante ?). Olga est douée et têtue dans sa volonté de réussir. Elle avance comme un bulldozer vers la réussite (grâce au charisme borné de son interprète Nastya Budiashkina). Dans sa recherche d’équilibre et d’endurance, un seul poids la retient en arrière : sa mère journaliste restée à Kiev pour couvrir la révolution en cours.

Premier film du cinéaste français Elie Grappe (lire notre entretien), Olga suit lui-même une sorte de parcours imposé. Ou plutôt, il en suit deux en parallèle : d’un coté le film d’apprentissage adolescent (le corps, l’intimité) et de l’autre celui d’un éveil politique (le collectif, la communauté). Chacun de ces trajet est traité avec une application somme toute classique, mais leur enchevêtrement progressif fait sens et donne au film un intrigant relief. Olga navigue entre deux mondes : l’Ukraine et la Suisse, son passé et son avenir, le chaos et la discipline. D’abord opposés dans une binarité convenue, ces deux univers se répondent de façon de plus en plus inattendue. C’est d’abord une affaire d’images (les corps tendus, les bras levés, la tension physique) puis de sons (les cris, les corps qui tombent).

Film de fiction, Olga inclut régulièrement des authentiques images d’archives des événements de la place Maïdan. La encore, le dialogue entre les différentes natures d’images se fait plus créatif que prévu : les sons des images documentaires viennent illustrer la fiction et vice-versa, la frontière entre les deux est flagrante à l’image mais plus perméable à l’oreille. Par ce » truc » cinématographique bien vu, les deux parcours imposés d’Olga ne deviennent alors qu’un seul : l’engagement politique et l’entrée dans l’âge adulte se confondent pour elle comme pour toutes les autres jeunes filles. Même loin de chez elles, ces filles fortes ne sont pas coupées du monde : la politique est leur affaire aussi, et cela ne leur fait pas peur.

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par Gregory Coutaut

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