Festival de Rotterdam | Critique : Nummer achttien

Après avoir survécu à un grave accident, le réalisateur Guido van der Werve doit suivre un long processus thérapeutique qui le fait s’interroger sur la manière dont il a vécu sa vie.

Nummer achttien
Pays-Bas, 2023
De Guido van der Werve

Durée : 1h31

Sortie : –

Note :

LA VIE MODE D’EMPLOI

Nummer achttien (soit numéro 18 en néerlandais), est effectivement le 18e film du cinéaste néerlandais Guido van der Werve, dont les œuvres précédentes ne portent elles aussi qu’un numéro en guise de titre. Si l’on en croit le contenu éclectique et disparate du film, le réalisateur a effectivement l’air d’aimer les listes et les compartimentations. Nummer achttien se compose de scènes de fiction reconstituant des moments autobiographiques, de films de familles vrais ou faux, de discours scientifiques, de tableaux amateurs ou encore d’interventions d’une chorale. Si cette approche plurielle rappelle d’autres films néerlandais à la structure similaire (Quality Time de Daan Bakker ou Feast de Tim Leyendekker), elle participe à rendre l’ensemble plutôt imprévisible.

Tout cela a pourtant un seul et même point d’origine. Dans la vraie vie, le cinéaste fut victime d’un grave accident qui a nécessité beaucoup de rééducation et a fait surgir en lui des questions métaphysiques sur le sens de la vie. A moins que le vrai point de départ soit à chercher dans le rapport complexe que l’artiste avait avec ses parents lors d’une enfance déjà marquée par la maladie (Breath of Life, le titre international du film, fait d’ailleurs directement référence à un tableau peint par son propre père) ? De la même manière que Guido van der Werve a dû rééduquer son corps en passant chaque jour d’une machine d’exercice à une autre, il compose ici une sorte de thérapie de rééducation mentale.

En réexaminant ses souvenirs, en les rejouant et les mettant en scène, et en composant des chansons sur les membres de sa famille, c’est comme s’il réapprenait son rapport aux autres. Tantôt drôle et amère, cette thérapie dépressive n’échappe pas toujours aux répétitions, et il lui manque peut être la folie qui porte le Suédois 100 Seasons, autre autoportrait névrosé en compétition à Rotterdam. Avec sa division en chapitres, Nummer achttien ressemble moins à un film de fiction classique qu’à une sorte de mode d’emploi ou de livre de développement personnel : parfois un peu aride, mais pas dénué d’une touchante poésie absurde.

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par Gregory Coutaut

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