Festival de Rotterdam | Critique : Demigod : The Legend Begins

Le jeune médecin et sabreur hors pair Su Huan-Jen doit faire face à l’attaque d’une entité maléfique, mais le combat est beaucoup plus compliqué que prévu.

Demigod : The Legend Begins
Taïwan, 2022
De Chris Huang Wen-Chang

Durée : 1h43

Sortie : –

Note :

OPULENCE !

Confronté à un dilemme moral, un chevalier solitaire va devoir affronter à coups de combats de sabre des ennemis tantôt humains ou fantastiques. Demigod : The Legend Begins ne fait pas semblant de respecter les archétypes et le décorum de wu xia pian. C’est même un double hommage culturel que rend ici le cinéaste Chris Huang car ce récit héroïque est uniquement joué par des marionnettes issues du théâtre traditionnel taïwanais pò͘-tē-hì. Ce style d’animation pourrait sembler à contre-courant face aux techniques de stop motion contemporaines (même si le coréen Mother Land, présenté il y a quelques mois à Busan, mettait déjà très en valeur un classicisme similaire), mais il faudrait être fou pour nier sa flamboyante splendeur, avec ou sans les quelques ajouts contemporains (quelques rayons laser et une bonne dose de sang).

Parlons d’abord des marionnettes, puisqu’elles sont au cœur de chaque splendide image. Qu’elles soient homme ou femme, qu’elles soient chevalier ou sorcier, toutes possèdent des looks d’une beauté à couper le souffle. Armures moirées, fourrures perlées et fanfreluches à sequins : les tenues traditionnelles se parent ici d’un apparat quasi glam rock charriant une délicieuse patine queer. Dans les scènes les plus virevoltantes (et le film virevolte grave déjà à la base), c’est presque comme si le contenu d’une boîte à jouets et celui d’une boîte à bijoux s’animaient sous nos yeux pour rejouer le clip de L’Âme-stram-gram. Ces statuettes ont beau être très détaillées de la tête au pied, leur visage est la seule partie de leur corps à ne pas être animée. Au milieu de toute cette fusion baroque, elles conservent un faciès impassible plein de mystère.

Difficile de dire ce qui est ici le plus impressionnant : la patience de géant qu’il a fallu au cinéaste pour préparer, filmer et découper autant de chorégraphies de combats (son précédent film, La Légende de la pierre sacrée, remonte à 2000, ce qui laisse présager des années passées sur ce projet), ou bien l’incroyable énergie qui se dégage justement de l’ensemble. Si le récit alambiqué de Demigod, tout en code d’honneur et coups de théâtre, n’est pas des plus évidents à suivre, cela ne nuit pas à la légèreté du film. Le mérite en revient en partie au montage épique de Kao Ming Cheng qui vient couper court à toute potentielle raideur. Du premier coup de tonnerre à la dernière goutte de sang versée, c’est bien simple : il n’y a pas un plan de Demigod dont la beauté ne soit pas stupéfiante.

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par Gregory Coutaut

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