A voir en ligne | Critique : Medusa Deluxe

Après le décès d’un styliste lors d’un concours de coiffure, les autres candidats tentent de découvrir le tueur au cours d’une soirée. La rivalité et la méfiance s’installent au fur et à mesure que les concurrents soupçonnent une tentative de fraude en éliminant les participants de manière macabre.

Medusa Deluxe
Royaume-Uni, 2022
De Thomas Hardiman

Durée : 1h40

Sortie : 04/08/2023 (sur Mubi)

Note :

COOL FRÉNÉSIE

Il n’y a pas de quoi rire. Les coiffures élaborées par les différents candidats à un concours de beauté capillaire ont beau être extravagantes au possible, c’est du travail et c’est très sérieux. Les visages sont tendus, les nerfs sont à vif, et même si elle n’est pas dépourvue d’une réjouissante électricité, la cascade ininterrompue des dialogues de Medusa Deluxe (passé un drôle de générique animé, le film s’ouvre littéralement par un « what the fuck » quasiment adressé à la caméra) est sous-tendue par une rage qui ne demande qu’à mordre. Les potins qu’on se raconte entre collègues/concurrents/ennemis ne sont pas de tout repos, ce sont plutôt des histoires sordides à base de stagiaires brulés vifs par leur propre laque de mauvaise qualité. L’avertissement est lancé : c’est tout ce film virevoltant qui pourrait bien nous exploser au nez.

Il n’y a pas de quoi rire car, à la veille du palmarès, le concurrent favori vient d’être retrouvé mort dans sa loge. Pas seulement assassiné : ce dernier a carrément été scalpé. Est-ce de la jalousie professionnelle, un drame passionnel queer ou le résultat d’une sombre histoire de trafic ? Tourné en un unique plan séquence (ou quasiment, mais l’illusion est bien là), Medusa Deluxe réunit le temps d’une heure quarante tous les coupables, de la coach grande gueule à l’amant larmoyant, du gaillard de la sécu aux modèles bien à l’ouest. Pour son premier film, le Britannique Thomas Hardiman montre qu’il n’a pas peur des dialogues (le film est très bavard) ni des personnages caricaturaux, quitte à surligner d’un trait de trop le camp déjà inhérent à son récit.

Car Medusa Deluxe cherche moins à créer un suspens à s’en mordre les ongles qu’une sorte d’excitation cool. La question de qui est le coupable passe en effet au second plan derrière ce portrait de groupe haut en couleur où chacun passe son temps à s’engueuler ou à déambuler dans des couloirs (des respirations bienvenues). Même s’il emprunte deux genres, Medusa Deluxe est moins un thriller qu’une comédie, ce qui signifie que tout devient une question de rythme. Si l’immersion apportée par le plan séquence est ludique (bravo à Robbie Ryan, chef-op habituel de… Ken Loach), elle prive aussi le film d’une cadence plus soutenue, qui aurait pu lui valoir des comparaisons avec d’autres films à la tchatche pétaradante tels que Zola ou Tangerine. C’est dans son ouverture et son dénouement que le film trouve sa meilleure respiration, à l’image de ce générique de fin qui parvient à recréer l’épuisement sexy et un peu désespéré propre au disco. Le résultat est sans doute déséquilibré, mais conserve un capital sympathie qui vaut le détour.


>>> Medusa Deluxe est disponible sur Mubi

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par Gregory Coutaut

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