Rotterdam 2019 | Critique : Make Me Up

Siri se réveille et se retrouve coincée dans une maison de rêve aux couleurs flashy. Malgré la décoration soignée, l’endroit est loin d’être inoffensif. En effet, les détenues sont encouragées à se battre pour survivre tout en étant surveillées par des caméras de surveillance, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Make Me Up
Royaume-Uni, 2018
De Rachel MacLean

Durée : 1h24

Sortie : –

Note : 

GOOD LUCK, AND DON’T FUCK IT UP

Make Me Up est le second long métrage de la réalisatrice écossaise Rachel MacLean, qui est également une artiste multimédia. Voilà qui éclaire en partie la nature hybride du film – en tout cas cette impression de ne pas voir un film comme les autres. Make Me Up ressemble à un challenge de RuPaul’s Drag Race dans lequel des femmes en drag investissent l’univers de Polly Pocket. C’est parfaitement kawaï, totalement absurde et complètement politique. L’histoire se déroule dans un palais de Barbie ou de princesse Disney, mais tout ceci ressemble plutôt à une clinique ou une prison. Et du mignon au creepy, comme du kitsch au sang, il n’y a qu’un pas.

Les perruques dans Make Me Up sont adorables, mais celles-ci sont en fait cousues sur les crânes. MacLean s’amuse avec talent entre les registres, avec ce rose de poupées jusqu’à ce que celles-ci se brisent comme des Stepford Wives. MacLean raconte un monde dystopique et fantaisiste où les femmes sont mises en concurrence et sont sans cesse soumises à l’approbation et aux commentaires. Dystopique, fantaisiste, vraiment ? Derrière les extravagances colorées et les farces, le film ressemble à un documentaire en mode grotesque à l’ère de #metoo.

Traitées littéralement comme des moutons, les héroïnes de Make Me Up sont priées d’incarner la meilleure Eve ou la meilleure Vierge Marie – rien de moins. La violence envers les femmes va jusqu’à l’anthropophagie ; les héroïnes sont réduites au silence ou parlent avec la voix de leur maître. Le ton à part de MacLean rappelle le travail du génial Ryan Trecartin sur la monstruosité et l’artificialité, sur leur expression à travers les réseaux sociaux et la télé réalité. Sa mécanique répétitive lui met quelques freins, mais Make Me Up est un surprenant ovni qui, d’un rayon laser rose-bonbon, sait éclairer les questions les plus réalistes. Et qui – tant mieux – prend la fantaisie très au sérieux.

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par Nicolas Bardot

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