Festival de La Rochelle | Critique : Le Bruit des moteurs

Alexandre, un formateur pour l’armement des douaniers canadiens, retourne dans son village natal après avoir été diagnostiqué par son employeur pour sexualité compulsive. Alors qu’il se lie d’amitié avec une pilote de course islandaise, le protagoniste se voit placé sous surveillance par des enquêteurs de la police qui travaillent à faire la lumière sur une affaire de dessins à caractère sexuel qui trouble la paix au village…

Le Bruit des moteurs
Canada, 2021
De Philippe Grégoire

Durée : 1h19

Sortie : –

Note :

VROOM VROOM

Le Bruit des moteurs s’ouvre par un ballet de voitures qui tournent sur elles-mêmes tandis que leurs moteurs vrombissent. C’est un spectacle parfaitement absurde, d’autant qu’il ouvre le film, sans contexte, et l’étonnant effet comique est assez immédiat. Mais doit-on en rire ? Le long métrage se montre très habile pour infuser un étrange malaise dans sa comédie. Plus tard, des douaniers fraichement armés évoquent leurs nouvelles conditions de travail. Une logorrhée débitée là encore dans une cacophonie totalement absurde – les choses peuvent-elles seulement avoir un sens ?

On n’identifie pas précisément le sens ou le sujet du premier long métrage du Canadien Philippe Grégoire (lire notre entretien). Et c’est une qualité : ne pas savoir où va le film est un atout stimulant. Celui-ci est joueur et généreux, il invite le spectateur et le fait participer. Ses artifices se se limitent pas à des gimmicks crispants à la Denis Côté – Le Bruit des moteurs est narrativement inventif, visuellement ambitieux et le jeune cinéaste fait preuve d’un talent prometteur.

Est-ce un film sur la liberté ? La liberté sexuelle, la liberté de penser ? L’adolescence, la sortie de l’adolescence ? Difficile de coller une étiquette sur un film dont l’efficace raideur comique et l’atmosphère lunaire nourrissent le mystère. « Tout le monde est un peu d’ailleurs », entend-on lors du long métrage pour parler des habitants échoués dans cette ville. Si le dénouement, à nos yeux, arrive un peu vite, ressemble à une pirouette, Le Bruit des moteurs est aussi un film qui semble venir d’ailleurs, ce qui est tout à fait séduisant.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article