Berlinale | Critique : Language Lessons

Lorsque son mari lui fait la surprise de lui offrir des leçons hebdomadaires d’espagnol, Adam ne sait pas où et comment ce nouvel élément s’intégrera dans sa vie bien structurée. Mais quand une tragédie inattendue bouleverse son existence, Adam décide de poursuivre les leçons et développe un lien émotionnel complexe avec sa professeure d’espagnol, Cariño.

Language Lessons
États-Unis, 2021
De Natalie Morales

Durée : 1h31

Sortie : –

LEÇONS D’HARMONIE

Bien qu’il n’ait absolument rien demandé, Adam se voit offrir par son facétieux mari des leçons d’espagnol en ligne. Chaque semaine, le voilà donc désormais tenu d’honorer son rendez-vous par écran interposé avec une jeune Costaricienne prénommée Cariño (« chéri », tout un programme). Or Adam parle déjà bien espagnol, qu’est-ce que la sympathique Cariño va bien avoir à lui apprendre ? Catapultés dans ce face-à-face absurde, les deux protagonistes vont devoir s’apprivoiser mutuellement.

Le programme scolaire de Language Lessons suit un fil aux attraits bien identifiés : ceux de la comédie romantique et de la réunion des contraires. Clarification utile : il faut être gré au film de respecter la vraisemblance pour ne pas faire réellement tomber amoureux cet homme gay et cette femme hétéro, ouf. Language Lessons est un film optimiste sur une amitié qui dépasse les frontières. L’opposition diamétrale entre eux (riche/pauvre, blanc/racisée…) pourrait donner lieu à une succession de gags mais c’est un autre ton qui se déploie rapidement, et la musique d’accompagnement un peu envahissante finit par se taire (tant mieux). Le film a l’élégance de savoir quand quitter un peu ses rails trop confortables.

Le deuil s’impose dans le film et au cœur de leur relation. Les leçons d’espagnol deviennent alors progressivement des leçons de vie échangées au gré du décalage horaire. Celles-ci n’offrent pas une philosophie révolutionnaire mais si Language Lessons possède un charme touchant, c’est de toute façon peut-être moins grâce à son écriture que sa mise en scène. Ce projet de poche est en effet d’un minimalisme bienvenu, et ce à plus d’un titre : deux interprètes uniquement, qui en sont également les co-auteurs (Natalie Morales signe la mise en scène à elle seule), c’est déjà un contrepied sympathique.

Tourné uniquement par ordinateur (le projet est-il né du confinement ou s’en est-il accommodé ?), avec quasiment jamais plus d’une seule personne à l’écran, Language Lessons donne chair à une ambivalence intéressante : la solitude et la chaleur humaine y sont toutes deux omniprésentes à l’image, en s’amalgamant plutôt qu’en s’alternant. Triste et convivial à la fois, le cocktail de Natalie Morales rappelle nos propres apéros et réunions zooms, notre propre confinement de notre propre année 2020. Dans son cadre familier, le film parvient alors à capter quelque chose de poignant de notre air du temps.

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par Gregory Coutaut

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