A voir en ligne | Critique : Knocking

Molly entend des coups venant du plafond dans son nouvel appartement. Elle en cherche la source, mais ses voisins ne comprennent pas de quoi elle parle et la rejettent avec une froide indifférence. Est-ce que tout cela se passerait dans son esprit ? Molly est toujours convalescente suite à un événement traumatisant, et la vague de chaleur sans précédent ne l’aide pas à avoir les idées claires…

Knocking
Suède, 2021
De Frida Kempff

Durée : 1h18

Sortie : 29/08/2022 (sur Shadowz)

Note :

PLAFOND DE VERRE

Quelle est donc cette tache au plafond ? Qui est cette jeune femme qui vit dans l’immeuble d’en face ? Qu’est-ce qui peut bien rendre les animaux fous ? Le mystère dans Knocking s’invite par touches, par questions, par zones d’ombres et portes entrouvertes. Pour son premier long métrage de fiction après un documentaire, la Suédoise Frida Kempff (lire notre entretien) laisse de la place pour l’intelligence du spectateur. Si le déroulé de ce thriller horrifique demeure plutôt classique, il y a ici suffisamment de subtilité et de nuance pour que le récit concis (1h18) fonctionne.

Très tôt dans Knocking, une télévision diffuse un bout de Persona d’Ingmar Bergman, avec de toute évidence un personnage en souffrance. Un clin d’œil pour mieux tordre le cliché de la femme folle qui hurle ? Toute la tension de Knocking repose sur cette hésitation : Molly entend-elle vraiment ce qu’elle croit entendre ou s’agit-il de son imagination ? En quelques scènes très brèves, presque impressionnistes, en une juxtaposition surprenante de plans, Kempff suggère l’étrangeté, la possibilité d’un basculement psychologique. Si les plans en plongée pourraient virer au cliché ailleurs, ils gardent ici leur bizarrerie de par les cadrages serrés et la mise en scène d’abord plutôt sobre.

De manière assez évidente, ces plans en plongée sont une manière de se pencher sur ce qui se passe au-dessus de la tête de Molly. Kempff sait mettre en scène une atmosphère dense. Le climat est glauque, la vie est sans lumière, ou alors entravée par des rideaux. Le monde est circonscrit à une barre d’immeuble filmée comme une prison, dont les lourdes portes ont l’air de se refermer sur des cellules. Les mouvements de caméra sont nerveux, mais ils ne cherchent pas le jump scare.

Knocking n’est jamais en roue libre et cela passe notamment par l’interprétation de Cecilia Milocco. Découverte chez Ruben Östlund, l’actrice ne joue jamais « la folle » et apporte une singulière intensité à son personnage. Les outils horrifiques soulignent ici avant tout une horreur intime : le trauma qui tape dans la tête de Molly semble se confondre avec les coups qu’elle entend au mur. La chaleur monte et le récit progresse efficacement jusqu’à la dernière minute dans ce suspens solide et réussi.


>> Knocking est disponible en exclusivité sur Shadowz

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article