BIFFF 2021 | Critique : Horror Noire

Une exploration des rôles et de la place des Afro-Américains dans l’Histoire du cinéma d’horreur.

Horror Noire
Etats-Unis, 2019
De Xavier Burgin

Durée : 1h23

Sortie : –

Note :

ÉCRAN NOIR

« Black History is Black Horror » entend-on très tôt dans Horror Noire, documentaire réalisé par l’Américain Xavier Burgin. Le cinéaste effectue un large panorama de la représentation des personnages noirs dans le cinéma américain, et plus particulièrement dans le cinéma d’horreur. Le cinéma de genre sert de loupe – c’est un cinéma qui, derrière les frissons et l’hémoglobine, peut souvent être un miroir dramatique de la société et de son inconscient. Burgin ira ainsi de Naissance d’une nation (à n’en pas douter un film d’horreur selon les intervenants du documentaire) au récent hit de Get Out.

Le long métrage explore minutieusement les codes et allégories du cinéma de genre : comment les films créent et/ou renforcent la peur suscitée par les Noirs ? De quoi King Kong ou les monstres rétro du cinéma fantastique peuvent-ils être la métaphore ? Qu’en dit-on dans une Amérique passée d’Obama à Trump ? Les réflexions sont parfois édifiantes, mais tordent aussi le cou à certains clichés : le protagoniste noir ne meurt pas nécessairement en premier dans le cinéma d’horreur – mais il a, la plupart du temps, une place secondaire.

Horror Noire examine ainsi la sujet de la représentation. L’horreur dans la blaxploitation (et la blaxploitation en général) a fait naître des héros noirs iconiques. Mais à quel prix ? Burgin et ses interlocuteurs racontent les clichés véhiculés et ancrés dans les esprits tandis qu’en coulisses, des producteurs blancs amassent leurs billets. En revanche, en quoi La Nuit des morts-vivants et son héros incarné par Duane Jones constitue t-il une date cruciale ? Que dit Candyman, joué par Tony Todd qui sera « Candyman toute sa vie », des relations entre Noirs et Blancs ?

Horror Noire se plonge également dans des films moins connus, cite le pionnier Oscar Micheaux, s’arrête sur Abby ou Ganja & Hess. Car en creux, c’est aussi une Histoire du cinéma non-racontée que le film met en lumière. Outre quelques enseignants ou Jordan Peele oscarisé pour Get Out, les intervenants de Horror Noire sont des visages que l’on connait souvent mieux que leurs noms, comme Rachel True (The Craft), Keith David (The Thing), Ken Sagoes (Freddy 3), entre autres. Ce sont les premiers concernés qui ici se réapproprient leur récit, en tant que personnes noires mais aussi en tant qu’acteurs et actrices de ce cinéma. De facture classique, Horror Noire ausculte son sujet de manière pertinente, intéressante et actuelle. Et c’est aussi en se penchant vers ce qui est resté dans l’ombre que le film parvient à être émouvant.

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par Nicolas Bardot

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