Critique : Harka

Ali, jeune tunisien rêvant d’une vie meilleure, vit une existence solitaire, en vendant de l’essence de contrebande au marché noir. À la mort de son père, il doit s’occuper de ses deux sœurs cadettes, livrées à elles-mêmes dans une maison dont elles seront bientôt expulsées. Face à cette soudaine responsabilité et aux injustices auxquelles il est confronté, Ali s’éveille à la colère et à la révolte. Celle d’une génération qui, plus de dix ans après la révolution, essaie toujours de se faire entendre…

Harka
Belgique, 2022
De Lotfy Nathan

Durée : 1h30

Sortie : 02/11/2022

Note :

UNE HISTOIRE SIMPLE

Film tourné en Tunisie par un cinéaste américain (Lotfy Nathan, auteur du documentaire 12 O’Clock Boys en 2013), Harka raconte une histoire vraie. Le film commence pourtant par un pas de côté intéressant avec sa voix off enfantine qui nous invite comme dans un conte : « dans mon pays, on croit à la magie ». De la magie, il n’y en a justement pas beaucoup dans la vie d’Ali, jeune homme solitaire accablé par l’injustice. Le film suit factuellement son quotidien tandis qu’il s’occupe de ses deux jeunes sœurs en essayant tant bien que mal de joindre les deux bouts. Ce portrait, Lofty Nathan le brosse avec un pied dans une bienveillance solaire aux angles arrondis et l’autre dans le suspens d’un conte à rebours vers le point de non-retour.

Un pied dans le récit enfantin, l’autre dans la violence d’une réalité proche de nous : la formule peut rappeler le brillant Tu me ressembles de l’Égyptienne Dina Amer (toujours inédit en France). Mais le cocktail n’est pas aussi explosif ici, et Harka reste hélas très plat, alourdi par une naïveté faite de lourds violons, de coutures très visibles, et de simplification à outrance (lors d’une émeute, on entend carrément le slogan « à bas la faim »). Harka est présenté cette année à Cannes dans la section Un Certain Regard.

Par coïncidence, le film partage quelques points communs avec Ashkal, l’un des deux autres longs métrages tunisiens sélectionnés en parallèle à la Quinzaine des réalisateurs. Difficile à ignorer une fois les deux films vus, le parallèle est moins à la faveur d’Harka que d’Ashkal, qui fait preuve d’un langage cinématographique plus contemporain. Harka possède néanmoins une brillante qualité : la performance entre colère et solitude de l’acteur Adam Bessa, qui fait preuve d’un beau charisme.

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par Gregory Coutaut

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