Critique : Close

Léo et Rémi, 13 ans, sont amis depuis toujours. Jusqu’à ce qu’un événement impensable les sépare. Léo se rapproche alors de Sophie, la mère de Rémi, pour essayer de comprendre…

Close
Belgique, 2022
De Lukas Dhont

Durée : 1h45

Sortie : 01/11/2022

Note :

SENTIMENSONGES

Léo et Rémi vivent une amitié parfaite. Fusionnels « comme des frères et même plus », les deux jeunes garçons croquent la vie à pleines dents sans se poser de questions. Leurs seuls ennemis sont imaginaires, sortis des jeux qu’ils s’inventent pour faire passer les jours d’été. Retranscrire un tel bonheur enfantin sans vagues n’est pas chose aisée, et les éclats dans ce domaine se trouvent souvent du côté du Japon (Shinji Somai, Kore-Eda…). A travers ces premières séquences, tellement baignées de soleil que les personnages semblent auréolés d’un halo permanent, le cinéaste belge Lukas Dhont fait preuve de suffisamment de doigté pour donner vie à un quotidien sans accrocs. Le mérite en revient aux deux jeunes acteurs du film, particulièrement bien castés. Leur harmonie est non seulement crédible, elle est pour ainsi dire palpable.

Derrière l’efficacité de cette mise en place, on remarque néanmoins les germes d’un certain manque de finesse. Les images de bonheur ne sont pas si éloignées de la carte postale lisse (le monde du travail y est littéralement… un champs de fleurs), la présence de l’excellente Léa Drucker dans (encore) un nouveau rôle de maman compréhensible a quelque chose de trop convenu. Quand le film opère un important changement de registre, ces germes viennent faire grincer les rouages de la machinerie. Close repose sur un non-dit, l’absence d’explication ou de raison à la fin brutale d’une amitié. Plus le poids de cette amertume se fait important pour les personnages, plus le film perd également en légèreté (c’est normal) et plus il perd aussi en finesse.

Pour un film sur la subtilité insaisissable des sentiments, Close a justement main un peu lourde au moment de susciter nos émotions, avec ses non-dits un tout petit peu trop soulignés, ces aveux un tout petit peu trop balbutiés, ses dialogues un tout petit peu trop explicatifs, sa dignité un tout petit peu trop figée, ses violons carrément superflus. L’an dernier, la réalisatrice belge Laura Wandel faisait preuve d’une recette un peu mois scolaire pour traduire la complexité des sentiments enfantins. Dhont parle là d’un sujet passionnant, trop rarement abordé avec sérieux au cinéma , il pourrait davantage se faire confiance et nous faire confiance. Close a suffisamment d’outils pour être poignant, mais à force de recettes faciles, à force de pointer du doigt lorsqu’il faut être ému, le film finit par provoquer l’effet inverse.

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par Gregory Coutaut

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