Critique : Halloween

Laurie Strode est de retour pour un affrontement final avec Michael Myers, le personnage masqué qui la hante depuis qu’elle a échappé de justesse à sa folie meurtrière le soir d’Halloween 40 ans plus tôt.

Halloween
Etats-Unis, 2018
De David Gordon Green

Durée : 1h49

Sortie : 24/10/2018

Note : 

MASQUE FOR MASQUE

A t-on fait le tour d’Halloween ? Quarante ans après le film original de John Carpenter à peu près aussi increvable que son effrayant protagoniste, Halloween revient avec cette suite directe. Il y a presque quelque chose de méta dans cette séquelle qui prend le parti d’oublier toutes les suites réalisées depuis – comme si le spectateur avait lui aussi un peu oublié ce qu’on avait fait de ce classique du slasher. Méta également, l’emploi au début du film de deux podcasters spécialisés dans les terribles faits divers. Ils se penchent sur le cas Myers, souhaitent « revenir sur les faits sans avoir aucun parti pris ». Et sans trop en dévoiler de l’intrigue, le film fait preuve d’une mordante ironie vis-à-vis de ces relectures justement « sans parti-pris », et qui constituent l’échec de la plupart des remakes horrifiques.

« Croyez-vous au croquemitaine ? ». La question est posée durant ce nouvel Halloween, comme pour tester notre capacité à nous replonger dans ce récit horrifique qu’on croit connaître par cœur. « Croyez-vous au Mal ? » est une question qui peut habiter bon nombre des films de John Carpenter, cinéaste horrifique mais aussi cinéaste politique. Ce n’est pas faire insulte à David Gordon Green, solide artisan plus que grand auteur, que de ne pas le situer au même niveau que Carpenter. Mais si (petit) geste politique il y a dans Halloween, c’est dans sa façon d’imaginer qu’aujourd’hui, celles qui auront avant tout à affronter le Mal dans notre société, ce sont les femmes.

Aucune n’est objectifiée avec complaisance dans cet Halloween peuplé de femmes fortes (pas que des poupées, pas que des petites amies), dont la principale a soixante ans (un ovni à Hollywood) et où tous les hommes sont plus ou moins des petits bouffons. La scream queen a parfois été une figure ambivalente en la matière, héroïne forte ou jouet masculin ; ici le film fait un choix très clair.

Difficile pourtant d’oublier dans ce nouveau film de réguliers moments scénaristiques pas particulièrement finauds voire parfois franchement nigauds. C’est ce qui fait la différence entre la haute couture de Carpenter et de solides produits comme celui-ci. Mais il est tout aussi difficile de renier son plaisir devant ce spectacle horrifique rondement mené, et dont la principale qualité est de savoir se servir de ses icônes. Il y a Michael Myers, évidemment, planté là comme un fantôme japonais et dont la cinégénie massive n’est plus à prouver – encore fallait il bien la mettre en scène, ce qui est le cas ici avec quelques jolis money shots.

Mais il y a Laurie Strode surtout dans ce film qui semble fait pour elle. David Gordon Green prend la mesure de l’icône à part qu’est Jamie Lee Curtis, qui est aussi bien une immortelle scream queen de premier rang (dans Halloween donc, mais aussi Fog ou dans une moindre mesure Prom Night) qu’une actrice culte de comédie (du British Un poisson nommé Wanda ou rutilant True Lies en passant par le mini-classique camp Freaky Friday). Utiliser le thème musical de Halloween est iconique, Myers est une icône, mais Jamie Lee Curtis l’est tout autant et est traitée comme telle dans ce long métrage qui l’a bien compris. L’horreur est ici colorée, ludique et généreuse tout en respectant ses codes et ses classiques. Et malgré ses quelques faiblesses, ce nouvel Halloween est une assez réjouissante réussite.

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par Nicolas Bardot

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