Critique : Fumer fait tousser

Après un combat acharné contre une tortue démoniaque, cinq justiciers qu’on appelle les « TABAC FORCE », reçoivent l’ordre de partir en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe qui est en train de se dégrader. Le séjour se déroule à merveille jusqu’à ce que Lézardin, empereur du Mal, décide d’anéantir la planète Terre…

Fumer fait tousser
France, 2022
De Quentin Dupieux

Durée : 1h20

Sortie : 30/11/2022

Note :

MOURIR DE RIRE

Avec Fumer fait tousser, Quentin Dupieux prend pour source d’inspiration les super sentai, ces séries japonaises types Bioman où un groupe de héros masqués affronte des monstres surnaturels ou des robots géants. On en retrouve ici les archétypes ainsi que l’esthétique rétro très loin du Hollywood d’aujourd’hui. S’agit-il d’un hommage authentiquement mélancolique ou d’un simple prétexte ? Difficile de trancher face à ces costumes d’Halloween, à ces effets spéciaux délibérément tocs et au jeu volontairement décalé des comédiens. Trier le premier du second degré est de toute façon une tache joyeusement vaine dans le cinéma magique et absurde de Dupieux.

Avec ce casting ambitieux qui accueille petits nouveaux et valeurs sures comme dans une saison All Star, Dupieux confirme une fois de plus qu’il est l’un des meilleurs directeurs d’acteurs de France. Face aux acteurs et actrices de comédie, celles qui tirent ici le plus leur épingle du jeu sont justement celles que l’on ne rattacherait pas forcément d’emblée à ce registre : après Mandibules et Incroyable mais vrai (respectivement), Adèle Exarchopoulos et Anaïs Demoustier confirment ici leur talent humoristique.

Avec ses créatures grotesques et ses super héros passés au filtre franchouillard, Fumer fait tousser est-il plus ou moins bizarre que les autres films du cinéaste, que ses histoires de mouches géantes ou pneu tueur ? Il s’agit sans doute en tout cas de son plus imprévisible et ce grâce à une structure en épisodes à double tranchant. On ne sait jamais quand les récits dans le récit vont s’interrompre, reprendre, si l’on reverra tel ou tel personnage. C’est parfois épuisant, donnant l’impression que le film ne va jamais vraiment nulle part, mais cela crée aussi une perte de repères et un mélange de tons inattendu.

Derrière ces références enfantines, Fumer fait tousser parle de la fin du monde et utilise pour cela des scènes à la violence physique excessive, grotesque, aux effets gores sortis d’un dessin animé. Toujours hilarante, la formule possède également un aspect étonnamment désabusé. Comme si le rire ne masquait plus entièrement la dimension morbide du cinéma de Dupieux. Tout comme le titre du film minimise jusqu’au non-sens les effets du tabac, il plane une drôle d’ombre mortifère sur ces sketchs apocalyptiques pourtant tordants. Le résultat est une fois de plus inclassable et donc précieux.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article