Critique : Fire of Love

Katia et Maurice Krafft, volcanologues intrépides, s’aimaient passionnément. Pendant deux décennies, ce couple de Français a parcouru la planète, traquant les éruptions et documentant leurs découvertes. Emportés par une explosion volcanique en 1991, ils laissent derrière eux un héritage qui a enrichi à jamais notre connaissance du monde naturel. À partir de leurs spectaculaires images d’archives, la réalisatrice Sara Dosa nous embarque dans leurs périples aux quatre coins du monde

Fire of Love
Canada, 2022
De Sara Dosa

Durée : 1h33

Sortie : 14/09/2022

Note :

FLAMME DE MON AMOUR

Fire of Love, qui sort sur nos écrans après un brillant parcours en Festival (Sundance, SXSW, CPH:Dox, Visions du réel, New Directors/New Films, etc.) est un documentaire américain sur un sujet français : en l’occurrence Katia et Maurice Krafft, un couple de scientifiques français ayant joué un rôle décisif dans le domaine de la vulcanologie dans années 70 et 80. Fire of Love revient sur leur histoire qui est à la fois banale et improbable. On s’amuse avec attendrissement de voir ce couple franchouillard parcourir des pays qui n’existent même plus (Zaïre, Indochine) et explorer des cratères avec tout juste l’équipement nécessaire. Si le film n’élude pas leur mort brutale due à une éruption, il brille surtout par son ton bienveillant et attachant..

Il est ici moins question de science que d’amour. Hormis dans quelques scènes tout de même improbables (faire frire des œufs dans la lave, faire de la barque sur un lac d’acide), la réalisatrice Sara Dosa n’a pas l’air de chercher exactement à faire du Herzog. Le logo National Geographic apparait au début du film et Fire of Love possède en effet par moments un petit côté carte postale. Mise en relief par la musique planante composée par Nicolas Godin de Air, la beauté de la nature prend parfois la place sur tout le reste. Mais sous leurs airs parfois gentiment fêlés, Katia et Maurice ont bel et bien les pieds sur terre, même s’il s’agit de la terre mortellement dangereuse des volcans. A leur image, le film possède justement lui aussi son grain de folie charmant.

On rencontre ce grain-là de deux manières. D’une part dans le choix décalé de confier la voix off à la réalisatrice américaine Miranda July, spécialiste en comédies nerveuses et fantasques. Sa présence apporte non pas une moquerie mais une douce loufoquerie supplémentaire. L’autre décalage saute probablement davantage aux yeux des spectateurs français. Fire of Love est entièrement composées d’images d’archives, personnelles ou télévisées (ce qui, soit dit en passant, rend donc le film majoritairement francophone, même en VO). Les Krafft ont en effet beaucoup été interviewés à la télé française et le film ressemble souvent à un zapping à voyager dans le temps. Entre l’Etna et le Vésuve (les volcans sont tous crédités au générique de fin), on croise ici Anne Sinclair, Sylvain Augier ou encore Vincent Perrot. Moins qu’à une carte postale ou une lettre d’amour, Fire ressemble finalement davantage à une émouvante capsule temporelle, dotée d’un véritable charme.

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par Gregory Coutaut

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