Critique : Egō

Tinja a 12 ans. Sa mère la pousse à faire de la gymnastique, exerçant sur elle un perfectionnisme malsain. Une nuit, la petite fille va faire la découverte d’un œuf bien étrange, qu’elle va cacher, puis couver. Jusqu’à l’éclosion d’une inquiétante créature…

Egō
Finlande, 2022
De Hanna Bergholm

Durée : 1h26

Sortie : 27/04/2022 (dvd & vod)

Note :

MON TRUC EN PLUME

Tinja et sa famille vivent dans la banlieue pavillonnaire boisée d’une ville de Finlande. Leur maison cossue a beau avoir l’air immédiatement chaleureuse et accueillante, les plans sur les pins environnants nous rappellent que ce décor forestier est avant tout celui d’un conte et de ses noirs archétypes. Le foyer en question ressemble autant à catalogue d’ameublement au chic désuet qu’à une maison de poupée où chacun s’efforcerait de jouer son rôle familial. Il y a d’emblée quelque chose qui cloche dans cet intérieur, mais c’est pourtant de dehors que va venir un funeste présage, quand un oiseau de mauvais augure s’engouffre par la fenêtre du salon et que la belle mise en scène familiale commence à s’effondrer, au sens propre et figuré.

Influenceuse offrant à ses followers une vision idéalisée de son home sweet home, maman est la reine (de cœur, de glace ?) de la maison. Perpétuellement apprêtée comme pour un cocktail, un sourire vissé aux lèvres, elle a précisément l’air d’à peu près tout sauf d’une mère modèle lambda. Lorsqu’elle coiffe Tinja devant le miroir de sa commode, elle le fait d’ailleurs avec une insistance si brutale que la scène rappelle un passage similaire de Mommie Dearest. Voilà une référence qu’on ne s’attendait pas à trouver ici et de fait, tout en restant un film d’horreur, Egō assume un coté farcesque. Grotesque, même. C’est à dire qu’au moment de faire voler en éclat la cellule familiale, le film n’est ni complètement risible ni uniquement malaisant, mais qu’il fait son nid confortable dans un improbable entre-deux.

Faire plaisir à ses parents, d’accord mais jusqu’à quel point ? Après s’être ébroué dans un sympathique chaos, et avec une générosité visuelle dont on ne dévoilera rien, Egō perd un peu de sa superbe et rend ses métaphores peut-être un peu trop terre-à-terre, tel ce sang retrouvé au petit matin dans les draps de Tinja. Ce qu’il perd en folie, le film le regagne néanmoins en clarté et en subversion, à l’image de son ultime dénouement, grinçant à souhait. Sous des airs de bouffonnerie bonne à voler dans nos plumes, Egō se révèle finalement être un récit d’apprentissage plus noir que prévu, tant mieux.

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par Gregory Coutaut

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