Critique : Destroyer

La détective du LAPD Erin Bell a jadis infiltré un gang du désert californien, ce qui a eu de conséquences dramatiques. Lorsque le chef de la bande réapparaît, elle doit fouiller dans le passé pour se défaire de ses démons.

Destroyer
Etats-Unis, 2018
De Karyn Kusama

Durée : 2h02

Sortie : 20/02/2019

Note : 

POINT DE RUPTURE

Voir Karyn Kusama diriger Destroyer après The Invitation constitue peut-être une fausse piste : à son thriller paranoïaque réalisé en 2015 succèderait un autre thriller tendu – mais ce serait oublier la versatilité de la cinéaste américaine. Un drame goût Sundance (Girlfight), de la SF (Aeon Flux), de l’horreur (Jennifer’s Body), un thriller horrifique (The Invitation)… Destroyer a une tonalité encore une fois différente, plus proche d’un polar rétro. Il ne renvoie pas nécessairement à l’imagerie virile des polars 70s, plutôt au travail d’une Kathryn Bigelow et à ses beaux éclats secs. On pense naturellement à Jamie Lee Curtis dans Blue Steel, mais la réalisatrice cite plutôt Point Break.

Destroyer se déroule dans une Amérique archétypale – en tout cas archétypale du genre. Des diners éclairés par des néons, des bars passant de la country FM, une certaine atmosphère nocturne et un soleil qui crame, des tronches de white trash… et au milieu, une morte-vivante qui claudique. La prestation de Nicole Kidman rappelle la transformation de Charlize Theron dans Monster ; tignasse de Bronson, regard las à la Rampling, elle hante le cadre et livre une prestation hallucinée – et pourtant en retenue – qui porte le film d’un bout à l’autre.

La structure du récit en flashbacks n’est pas évidente ; elle n’est à nos yeux pas le meilleur choix du film. La construction parfois laborieuse est un fil à la patte de Destroyer. Mais un autre film se dessine peu à peu : l’enquête laisse de la place aux démons de l’héroïne, la dimension mélodramatique prend plus d’importance et donne davantage de relief au long métrage dans sa dernière partie. Son beau finale lyrique surprend et la réalisatrice confirme qu’elle a plus d’un tour dans son sac en faisant battre le cœur de son film là où on ne l’attendait pas.

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par Nicolas Bardot

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