Gérardmer 2019 | Critique : Dachra

Yasmine, étudiante en journalisme, et ses deux amis Walid et Bilel enquêtent sur l’affaire non élucidée Mongia, du nom d’une femme retrouvée mutilée vingt-cinq ans plus tôt qui est aujourd’hui internée, suspectée de sorcellerie. Leur enquête les conduit jusqu’à Dachra, village archaïque et menaçant, isolé dans la campagne tunisienne. Alors que l’inquiétant chef du village les invite à rester pour la nuit, Yasmine se retrouve mêlée aux lourds secrets de Dachra et n’a d’autre solution que de lutter pour sa survie.

Dachra
Tunisie, 2018
De Abdelhamid Bouchnak

Durée : 1h53

Sortie : –

Note : 

QUI TROP EMBRASSE

On encourage vivement des tentatives inhabituelles comme celles de ce Dachra, a fortiori lorsqu’on sent que celles-ci portent en elles autant de générosité. Le film, malheureusement, nous a paru un peu juste. Premier long métrage de Abdelhamid Bouchnak, Dachra raconte une enquête d’apprentis journalistes au sujet d’un mystérieux cas de sorcellerie. Le film démarre de façon plutôt intrigante avec cet usage géométrique de la mise en scène, ses protagonistes isolés en bord de cadre, sa caméra concentrée sur des têtes pensantes et parlantes avant que l’expérience ne devienne plus organique.

Cette froideur de la raison se fissure peu à peu, par exemple lorsque survient un rêve dans le rêve. On attend le moment où le film va basculer dans la folie – mais les choses ne sont pas si faciles. Dachra semble fait par un amoureux du genre, mais entre son héroïne qui rêve de Psychose, sa gamine directement échappée du Venise de Ne vous retournez pas et son trio perdu à la Blair Witch, les références semblent davantage agrafées que digérées. Quand d’autres cinéastes parviennent à créer de l’inquiétante étrangeté par leur stricte mise en scène, Bouchnak charge davantage par son bestiaire fantastique, des figures qui restent assez inexploitées mais qui s’accumulent : sorcière, fillette creepy, dame noire, créature… Mais le trouble, à nos yeux, n’y est pas.

Les idées de mise en scène s’éteignent peu à peu. Aux jump scares succèdent une caméra shake-shake pour les scènes de tension. Il manque pourtant du nerf dans ce récit qui tourne assez vite en rond, et dont la cohérence pose plusieurs fois problème. L’écriture des personnages ne propose qu’une note, sans variation. Le décor pourrait être cinégénique, comme l’est ce plan de nuit avec quelques grandes ombres postées près d’une maison. Mais le film, à notre sens, manque à la fois d’idées pour tenir la longueur et d’épure (à l’image de ce remplissage musical au piano neurasthénique) pour laisser davantage de place au spectateur. On reste néanmoins curieux de ce que le cinéaste pourra proposer à l’avenir.

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par Nicolas Bardot

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