Critique : Border

Tina, douanière à l’efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. C’est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d’un individu. Mais quand Vore, un homme d’apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l’épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui…

Border
Suède, 2018
De Ali Abbasi

Durée : 1h48

Sortie : 09/01/2019

Note : 

AUX FRONTIÈRES DU RÉEL

On a découvert le réalisateur danois Ali Abbasi à la Berlinale, en 2016, avec le drame horrifique Shelley. C’était un film encore un peu tendre, qui manquait d’une personnalité marquée et qui s’inscrivait dans le sous-genre fantastique très exploré dit de la grossesse en panique. Mais Abbasi y faisait déjà preuve d’une certaine habileté visuelle, parvenant à faire naître l’hésitation fantastique en ne filmant rien qui semble à première vue surnaturel. Ces sentiments mélangés sont au cœur de Border et de ses questionnements sur la nature humaine.

Cette fois, Border (couronné à Un Certain Regard) ne manque pas de personnalité. Son héroïne qui semble échappée du riche folklore scandinave est incroyable, sorte de dame-troll qui vivrait parmi les humains… Parmi, vraiment ? Tina est douanière et travaille comme elle semble vivre « à la frontière ». C’est cette frontière qu’Abbasi observe, et le film manie les paradoxes avec talents : c’est un pur conte de fées avec ses figures et son décor, c’est également un drame réaliste dont on peut faire une lecture au premier degré.

Toutes les frontières, dans Border, semblent floues. Les rêves se mêlent au réel, les jolis ruisseaux et champignons des bois s’inscrivent dans une nature qui peut être monstrueuse, et le réalisme magique nous questionne en permanence sur ce qu’on voit. In fine, Abbasi fait naître l’émotion dans cette évocation de paradis perdu et retrouvé. Border échappe sans cesse aux définitions ; le film a à la fois la littéralité symbolique du conte et il reste pourtant, dans son dénouement, toujours imprévisible. « La foudre, il ne faut pas la prendre à la légère » entend-on dans le long métrage – on ne sait ici jamais où elle peut tomber, ce qui constitue une très précieuse qualité de cinéma.

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par Nicolas Bardot

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