Festival d’Antalya | Critique : Aurora

Parallèlement à son travail d’architecte, Luisa, 40 ans, anime des ateliers pour adolescents. Un jour, elle tombe sur Julia, 17 ans, près des toilettes de l’école. Cette dernière est tombée enceinte involontairement. Luisa décide de l’aider, adoptant une position difficile, quelque part entre amie, enseignante et figure maternelle. Mais peut-être aime-t-elle secrètement jouer ce rôle ambigu ?

Aurora
Costa Rica, 2021
De Paz Fábrega

Durée : 1h32

Sortie : –

Note :

CLASSE D’ÉTÉ

Aurora parle d’un sujet grave et ne met pas de doute autour d’une phrase prononcée rapidement dans le film : « L’avortement est interdit au Costa Rica ». Julia, 17 ans, va devoir chercher ailleurs une solution à sa grossesse pas vraiment désirée. Le verdict est strict, et pourtant Aurora est un film d’une grande douceur. Celle-ci se retrouve avant tout dans le traitement visuel ouaté, plein de couleurs pastels et de lumière qui caresse. Comme un sourire un peu endormi, elle drape d’un charmant voile d’insouciance des scènes pourtant inattendues (une orgie adolescente, par exemple). Délicat paradoxe.

A la fois professeur et coach de vie, Luisa décide de prendre Julia sous son aile et de l’aider dans ses démarches pour faire adopter son enfant. Pour cela, elle l’emmène passer du temps loin de sa famille (ce qu’elle fait avec une facilité déconcertante, comme si les aspérités du réel étaient déjà un peu gommées). Aurora suit alors le parcours d’adoption en question mais le place comme au second plan, donnant la priorité à la chaleureuse parenthèse que passent ensemble ces deux personnages au soleil, l’esprit léger comme si elles étaient en vacances.

Aurora n’est pas sans ambiguïté. Il y en a dans le personnage de Luisa, figure maternelle quelque peu maladroite, dont on ne sait jamais vraiment si elle a la moindre idée de ce qu’elle fait. Il y en a aussi dans le ton de cette chronique estivale. Filmer la situation de ces deux femmes comme n’étant pas du tout dramatique est un choix narratif intéressant, même si le côté anti-événementiel vire par moment à la torpeur, comme si l’insouciance des protagonistes était parfois un peu trop contagieuse. Non sans charme, Aurora tangue néanmoins sur une sympathique danse ralentie. Ce n’est pas le ton auquel on s’attendait, et c’est déjà une qualité.

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par Gregory Coutaut

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