CŒURS PERDUS

La première scène d’Au cœur du monde présente un moment heureux – mais dans le Contagem filmé par Gabriel Martins et Maurilio Martins, les cris de joie peuvent vite être interrompus par le son des armes à feu. Les deux cinéastes brésiliens, qui signent ici leur premier long métrage, font le portrait d’un quartier où tout le monde essaye de se débrouiller, où tout le monde rêve d’une vie meilleure. « Comment gagner de l’argent au Brésil ? », demande une une de journal. Les visages croqués lors du générique de début peuvent être marqués, mais ils restent souriants.

Gabriel Martins et Maurilio Martins, dans la peinture de ce monde, évitent tout pittoresque. Ils sont particulièrement à l’aise dans ces diverses teintes de gris et d’ambiguités : la ville semble tranquille, la lumière est chaleureuse, il y a ici quelque chose de solaire, humain et doux. Il règne pourtant une violence dans ce Coeur du monde, celle des règlements de compte par balles, mais aussi une violence sociale plus pernicieuse.

Martins et Martins (qui n’ont aucun lien de parenté) réussissent un portrait tout en nuances. « Les balles volent, les funérailles foisonnent » dit une chanson. Il y a pourtant une pulsion de vie à l’œuvre ici. Que faire pour changer d’existence quand le déterminisme social semble écraser toute une population au rouleau compresseur ? Les réalisateurs, par touches impressionnistes, s’invitent dans chaque maison. Et à l’image de la bande son où peuvent se côtoyer ballade sirupeuse de Lara Fabian et hip-hop politique, le long métrage, à la fois tendre et percutant, donne à voir mille teintes et nuances au cœur de l’humanité.

>>> Au cœur du monde est visible en vod sur la page de Survivance

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