Critique : Assaut

Les élèves d’un lycée sont pris en otage par des inconnus armés et masqués. Apprenant que l’armée n’arrivera que dans deux jours car une tempête de neige fait rage, Tazshi, le professeur de mathématiques, prend la décision de partir à l’assaut avec son ex-femme, un policier du village, un vétéran d’Afghanistan, un alcoolique, un professeur d’EPS et le directeur de l’école…

Assaut
Kazakhstan, 2022
De Adilkhan Yerzhanov

Durée : 1h30

Sortie : 12/07/2023

Note :

L’ÉCOLE EMPORTÉE

Les coins filmés par Adilkhan Yerzhanov semblent perdus dans la pénombre du monde, comme les steppes de A Dark, Dark Man et Yellow Cat ou la petite ville de campagne de Ulbolsyn. Même chose pour Assaut, où l’école est loin de tout : on ne sait guère si celle-ci est lovée dans un infini décor de glace, prisonnière d’une boule à neige ou bien posée sur les nuages. Isolés, les protagonistes de Yerzhanov agissent comme si personne ne les regardaient. Leur comportement peut être mystérieux ou inexplicable, absurde ou ridicule – qui sera là pour les voir ? Les terroristes dans son nouveau film entrent d’ailleurs dans l’école comme dans un moulin – qui, dans ce no man’s land, pourra bien les en empêcher ?

Le cinéaste sait, à l’image de ses précédents films, varier les registres avec fluidité et mêler les genres de manière inattendue. La prise d’otages annonce un thriller ? Oui, mais Assaut peut tout aussi bien tourner à la comédie lunaire, avec sa farandole de pleutres mascus et guignols, des gugusses tragi-comiques qui s’improvisent sauveurs et héros alors qu’ils ne savent pas manier un nunchaku sans le casser. Sur le mélange de genres, du thriller noir au pathétique rigolard, Yerzhanov rappelle en partie ce que peuvent accomplir avec succès des cinéastes de Corée du Sud.

Le début du long métrage, qu’il s’agisse du compte à rebours qui apparaît régulièrement à l’écran ou de la progression de l’action, nous plonge dans une cocotte minute. Cette tension, comme on l’a dit, est quelque peu dénouée par la suite. Car pendant que les adultes tentent péniblement de s’organiser, quid des élèves pris en otages ? Les gosses ont le temps de crever mille fois dans Assaut et l’allégorie du sort funeste réservé aux enfants par les générations qui les ont précédés semble assez nette.

Ce monde-là est absurde, mais l’absurdité n’a pas de limite. Sans trop en dévoiler sur l’intrigue, l’absurdité à l’œuvre se trouve dans l’ombre d’une absurdité plus grande encore. La corruption généralisée vide le monde de sens. La neige continue, elle, de tomber sur ce paysage dramatique, au loin les montagnes se dressent sous un ciel rose et indifférent.

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par Nicolas Bardot

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