Festival d’Antalya | Critique : Anatolian Leopard

Cela fait 22 ans que Fikret est directeur d’un zoo à Ankara. Celui-ci est sur le point d’être racheté et démoli. Un dernier détail à régler : que faire de la fierté du zoo : un léopard d’Anatolie en voie de disparition ?

Anatolian Leopard
Turquie, 2021
De Emre Kayiş

Durée : 1h48

Sortie : –

Note :

ANIMAL TRISTE

Avec ses cages vides noyées sous un ciel de plomb, le zoo où se déroule Anatolian Leopard n’a pas grand chose de festif. Pour un peu, il ressemblerait plutôt à ces friches industrielles spectrales telles qu’on les rencontre chez Kiyoshi Kurosawa. Le réalisateur turc Emre Kayiş se place pourtant moins dans le camp des fantômes que dans celui des derniers survivants d’un monde en train de sombrer. Fidèle directeur des lieux, Fikret fait le bilan amer et solitaire de ces nombreuses années sur le point de s’évaporer. Davantage chien obéissant que fauve dangereux, Fikret pourrait bien lui aussi disparaître, comme sa place de parking réservée qu’on ne prend même plus la peine de respecter.

Si ce zoo vide donnerait plutôt envie de fuir, le film déploie en revanche quelques attraits : les plans d’Anatolian Leopard son rigoureux, d’une géométrie presque symétrique, et les tons sont gris sur gris. La formule est efficace au moment de créer un ton pince sans rire (l’action se déroule fin décembre, et chaque souhait de bonne année devient plus absurde que le précédent), mais elle demeure un peu trop facilement identifiée. La parabole sociale sur les braves gens comme espèce également en voie de disparition s’annonce mordante, mais elle rentre progressivement les crocs. Au lieu de rugir, le film/fauve se met alors à ronronner placidement, jusqu’à perdre son souffle comique prometteur. A l’image du fameux léopard qu’on n’entrevoit guère plus qu’un mirage.

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par Gregory Coutaut

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