Critique : All Eyes Off Me

Raconté en trois chapitres liés, le film suit une génération jeune et confiante. Danny est enceinte de Max. Elle veut profiter d’une fête pour le lui annoncer, mais n’y parvient pas. De son côté, Max explore les fantasmes sexuels de sa fiancée Avishag.

All Eyes Off Me
Israël, 2021
De Hadas Ben Aroya

Durée : 1h28

Sortie : 08/06/2022

Note :

MESSAGE PERSONNEL

Dès son titre, All Eyes Off Me prend un contrepied, offrant à la formule attendue (« all eyes ON me »), sa propre traduction : « tous les regards loin de moi ». De fait, l’Israélienne Hadas Ben Aroya compile ici des histoires qui se situent elles-mêmes hors des conventions. Dès son premier long métrage, People That Are Not Me, la cinéaste confiait vouloir « faire un film sur moi, sur mes amis et ma génération ». All Eyes Off Me débute de façon toute aussi intime : dès la première réplique (un personnage confie détester le bébé – gros et laid – d’une amie) on y retrouve la même réjouissante liberté de ton, un franc-parler proche d’une urgence impudique, propre aux personnes dites intenses.

All Eyes Off Me débute dans l’effervescence d’une fête où se croisent différentes personnes, chacune portant en elle une histoire intime à dévoiler. Le film nous donne à écouter leurs récits, chapitrés en une succession de blocs narratifs. Ces différents segments déjouent à leur tour les attentes sur la définition de ce qu’est une relation amoureuse.  On y qualifie un avortement de quelque chose de « finalement assez cool », on prend son pied en baisant de manière brutale, on trouve une tendresse inattendue dans une relation intergénérationnelle… autant de pas qu’Hadas Ben Aroya fait pour s’éloigner des attentes et autres idées reçues.

Les chapitres du film pourraient s’enrichir mutuellement, comme une multitude de reflets, mais chaque partie nous a semblé un peu moins inspirée et un peu moins vivante que la précédente (le premier segment étant le plus réussi). Les longues scènes semblent de plus en plus longues, et ce arbitrairement. A la liberté de ton succède alors une sorte de formule et lorsque le film s’achève, le decrescendo est à la fois trop long et trop court. Cela ne dément pas pour autant la prometteuse personnalité de cinéaste d’Hadas Ben Aroya, qui ose poser son regard là où il ne devrait pas être. Comme le suggère le titre : ce qui se passe loin du regard se passe entre adultes consentants, ne vous regarde pas. Ce n’est pas le moindre paradoxe du film de montrer cela de manière frontale, sans pudeur.

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par Nicolas Bardot

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