Berlinale | Critique : Adentro mío estoy bailando

Leandro, qui ne s’intéresse pas du tout à la religion de sa famille, s’ennuie à force d’être engagé pour filmer des mariages juifs. Lorsqu’il tombe amoureux de Paloma, clarinettiste klezmer, il invente un faux projet documentaire sur la musique klezmer afin de passer du temps avec elle.

Adentro mío estoy bailando
Argentine, 2023
De Leandro Koch & Paloma Schachmann

Durée : 1h57

Sortie : –

Note :

ENTREZ DANS LA DANSE

Réalisé à quatre mains, Adentro mío estoy bailando (The Klezmer Project) est le premier long métrage des cinéaste argentins Leandro Koch et Paloma Schachmann. Ces derniers y jouent des personnages ayant les mêmes noms qu’eux, et pourtant il ne s’agit pas d’un documentaire. Du moins pas à première vue. Pourrait-on qualifier de documentaire un film qui commence par une voix de vieille dame nous annonçant « Je m’appelle Satan et je veux vous raconter une histoire, mes enfants ». Le film n’a pas besoin d’une plus longue introduction pour nous mettre l’eau à là bouche.

Ce que les cinéastes ne tardent pas à faire non plus, c’est nous retirer la carotte de sous le nez à coups de fausses pistes narratives. Satan nous promet une histoire se déroulant au début du 19e siècle, mais les images censées l’illustrer sont purement contemporaines. Adentro mío estoy bailando est supposé être une fiction, mais tout le monde semble y apparaître sous sa propre identité, à commencer par les nombreux musiciens filmés en plein concert. Les deux protagonistes y discutent de monter ensemble un documentaire sur la musique juive, comme si ce n’était pas déjà ce que nous avions sous les yeux. Il y a de quoi s’amuser devant ces différentes sources de récits, mais il y a aussi de quoi se sentir paumé.

Les deux cinéastes possèdent en commun avec leurs compatriotes de la nouvelle génération argentine (Llinás, Moguillansky, Citarella…) un goût ludique du zig-zag conceptuel. La forme labyrinthique du récit a d’ailleurs quelque chose d’intelligemment adéquat pour tenter de définir les frontières d’une culture d’un peuple lié par les traditions mais éparpillé par la diaspora. Mais ce qu’ils possèdent également en commun, c’est une difficulté à s’arrêter à temps avant de tourner en rond. Comme ces rondes ivres entamées par les mariés et leurs familles (une scène récurrente du film), cette « métafiction » inventive finit par faire tourner la tête quelques tours de trop.

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par Gregory Coutaut

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