Critique : 99 Moons

Bigna, sismologue de 28 ans, veut tout contrôler, jusqu’à ses jeux érotiques où elle domine ses partenaires. Frank, 33 ans, travaille de nuit dans des clubs où il s’évade dans les paradis artificiels et les relations sans lendemain. Ces deux mondes que tout oppose entrent en collision, puis s’unissent, entre attraction sexuelle et désir de liberté, déclenchant une folle histoire d’amour qui s’égrène sur 99 lunes.

99 Moons
Suisse, 2022
De Jan Gassmann

Durée : 1h50

Sortie : 10/05/2023

Note :

L’AMOUR MOU

Un coup de foudre peut-il s’expliquer ? Avec 99 Moons, le cinéaste suisse Jan Gassmann a le bon sens de ne pas s’attaquer à l’impossible ou de chercher à nous faire comprendre le comportement psychologique de ses protagonistes littéralement balayés par la passion (dans la première scène, la plus efficace du film par son son sens de la surprise, ils ne restent pas debout plus de quelques secondes). En revanche, le film s’attèle à une autre tâche épique : nous faire ressentir l’inexpliqué. 99 Moons débute avec la froideur que Bigna a imposé à son quotidien. Affectivement coupée du monde qui l’entoure, ses seuls rapports sexuels sont des rencontres volontairement brutales avec des inconnus. On a connu des points de départ plus éloignés des clichés.

L’ambition du film croît en même temps que ses sentiments pour Frank, qu’elle a eu le malheur de rencontrer par hasard plus d’une fois. On suit alors le quotidien du couple entre naïveté de grands ados émerveillés et scènes de sexe crues. Passer ainsi d’un extrême à l’autre est un périlleux exercice, mais le problème de 99 Moons n’est pas tant le déséquilibre entre ces deux pôles que la platitude avec laquelle ils sont tous les deux mis en scène. Avec sa photo terne et ses cuts brutaux, 99 Moons a l’ai droit sorti des années 90 et cette patine pesante rend le film moins fou, sale ou dangereux qu’il croit l’être. Gassmann ne fait pas preuve de risque ou de regard suffisamment contemporain dans sa manière de mettre en scène le sexe, et rappelle davantage le déjà convenu 9 Songs de Michael Winterbottom que le gonflé Théo et Hugo dans le même bateau de Ducastel et Martineau.

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par Gregory Coutaut

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