Festival Premiers Plans | 8 courts métrages à retenir

Dans la riche programmation du Festival Premiers Plans d’Angers, les courts métrages occupent une place centrale, au même titre que les longs. Beaucoup de nos coups de cœur qui ont déjà été évoqués sur Le Polyester en 2023 ont été sélectionnés cette année : A Kind of Testament de Stephen Vuillemin, 27 de Flora Anna Buda, La Herida luminosa de Christian Avilés, Margarethe 89 de Lucas Malbrun, La Grande Arche de Camille Authouart ou encore Pleure pas Gabriel de Mathilde Chavanne. Nous avons décidé de nous concentrer, dans ce dossier, sur les films que nous avons découverts lors de cette édition : 8 courts que l’on vous conseille de voir dès que vous le pourrez.



99.999%, Alexandra Roberta Serban
L’histoire : Nicoleta a retrouvé son père sur internet. Ce soir, ils se rencontrent pour la première fois.
Pourquoi on l’aime : La Roumaine Alexandra Roberta Serban fait preuve d’une grande maîtrise formelle avec cette succession de plans fixes – les personnages y effectuent comme une chorégraphie ou, au contraire, se confrontent immobiles. A travers cette relation père-fille à peine existante, la réalisatrice parvient avec finesse à suggérer beaucoup.



Beurk !, Loïc Espuche
L’histoire : Beurk ! Les bisous sur la bouche, c’est dégoûtant. En plus, ça se voit de loin : quand quelqu’un veut faire un bisou, ses lèvres scintillent et deviennent toutes rose fluo ! Le petit Léo se moque, comme les autres enfants du camping. Mais ce qu’il ne dit à personne, c’est que quand il pense à la petite Lucie, sa bouche se met à briller de mille feux.
Pourquoi on l’aime : Avec ce court ravissant et très coloré, Loïc Espuche se plonge dans un genre ô combien archétypal, à savoir le récit d’apprentissage sentimental et estival. Derrière son rose bonbon, le film aborde les dynamiques de groupe et la pression sur les individus – ici, des enfants forcément maladroits et un peu réacs qui, petit à petit, découvre l’amour.



Bonnarien, Adiel Goliot
L’histoire : Mauricette Bonnarien travaille comme dockeuse au port de Dégrad des Cannes en Guyane. Le reste du temps, elle slame. Très complexée par son nom de famille qui a été imposé à son ancêtre lors de l’abolition de l’esclavage, elle se bat pour mener à bien une procédure de changement de nom. Il est temps de faire entendre à son entourage son nouveau patronyme.
Pourquoi on l’aime : Également sélectionné au Festival de Rotterdam, Bonnarien raconte une histoire encore méconnue où les noms de famille prennent un sens politique. Les noms, mais aussi les mots jouent un rôle central dans ce film en partie slamé. Bonnarien peut également compter sur le talent de son actrice principale, Miremonde Fleuzin.



Days of Regret, Yousra Said
L’histoire : Zacharias est un toxicomane en voie de guérison, mais le départ de sa sœur aînée lui fait perdre son seul point d’ancrage et risque de tout bouleverser.
Pourquoi on l’aime : Une froideur cotonneuse et un étonnant silence plane sur Days of Regret. La Suédoise Yousra Said compose une histoire en pointillés, avec une mise en scène particulièrement sensorielle faite de brefs gros plans. L’histoire est minimaliste et plutôt que de simplement dire, Said a un talent assez prometteur pour faire ressentir.



Mon père, Jordan Raux
L’histoire : France, 1965. Linh et sa fille de quatorze ans, Jeanne, vivent depuis la fin de la guerre d’Indochine dans un camp destiné à accueillir les plus pauvres des Vietnamiens rapatriés. Un jour, Linh parvient à trouver l’adresse du père de Jeanne. Ensemble, elles partent à sa rencontre.
Pourquoi on l’aime : Là encore une histoire coloniale comme un secret, dans un court métrage sur l’identité impossible à retrouver. Le jeune cinéaste n’a pas peur de laisser une précieuse place au silence et évite le récit historico-familial didactique. Un attachant mélange de chaleur et de tristesse qui nous donne envie de voir la suite.



La Nuit noire, Hong-Kai Liang
L’histoire : Dans un monde post-apocalyptique, Hao survit dans une ville sous le joug des militaires qui pourchassent les habitants devenus monstrueux. La petite amie de Hao, Ying, est l’une d’entre eux. Hao tente de la protéger malgré le danger qu’elle représente pour lui.
Pourquoi on l’aime : Cet ambitieux conte dystopique réserve bien des mystères – peut-être trop ? Mais le talent formel de Hong-Kai Liang crève les yeux dans ce récit fantôme, porté par une tension horrifique et une logique de rêve – ou de cauchemar. Voilà un court métrage rempli de visions puissantes, par quelqu’un qui fait du cinéma.



Such Miracles Do Happen, Barbara Rupik
L’histoire : « Ils marchent sans aucun muscle, alors qu’ils ne devraient pas pouvoir marcher. Tissu de pierre. Comme c’est étrange » dit la petite fille tout en regardant son corps désossé.
Pourquoi on l’aime : Notre coup de cœur parmi les découvertes faites au festival. Issue de la prestigieuse école de cinéma de Łódź, la Polonaise Barbara Rupik signe un stupéfiant cauchemar enfantin, à l’animation particulièrement étonnante – comme si ses figurines en volume étaient en train de fondre sous nos yeux. 14 minutes qui laissent bouche bée.



There Are People in the Forest, Szymon Ruczynski
L’histoire : À la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, un homme seul boite sur la route. Il cherche à traverser.
Pourquoi on l’aime : Également élève à l’école de cinéma de Łódź, Szymon Ruczynski utilise une animation volontairement naïve et minimaliste pour raconter une horreur réelle, proche de celle dépeinte par sa compatriote Agnieszka Holland dans Green Border. Le trait crayonné donne naissance à de fragiles silhouettes dans ce poignant témoignage d’une tragédie politique.


>>> Notre couverture du Festival Premiers Plans d’Angers

Dossier réalisé par Nicolas Bardot le 27 janvier 2024.

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