Festival de Rotterdam 2025 : notre bilan

La 54e édition du Festival de Rotterdam s’est achevée ce weekend. Comme chaque année, le festival était à suivre en direct sur Le Polyester, retrouvez notre couverture composée de près de 50 articles. Retour sur les temps forts de cette édition.


Fiume o morte !

La compétition internationale de haute volée a été remportée par Fiume o morte ! du Croate Igor Bezinović, un documentaire politique en forme de réécriture collective de l’Histoire, entre drôlerie et théâtralité. Un autre documentaire à l’écriture originale a été distingué : L’Arbre de l’authenticité du Congolais Sammy Baloji qui déploie une vertigineuse Histoire du colonialisme et de ses répercutions sociétales comme environnementales. Le troisième film distingué par le jury est une fiction : le drame Im Haus meiner Eltern de l’Allemand Tim Elllrich, un drame familial puissant et cinglant sur le dévouement, la lâcheté et le sacrifice.


The Fruit

Notre favori de cette compétition était The Fruit (Guo Ran), second long métrage de la Chinoise Li Dongmei. Repérée avec son déjà brillant Mama, Li Dongmei figure dans notre dossier mis en ligne en 2023 sur les 25 révélations de ces 5 dernières années. The Fruit est un drame subtil, épuré et d’une profondeur magnétique sur la maternité, le couple et la solitude. Autre film remarquable dans la sélection exigeante et éclectique de Vanja Kaludjercic, directrice du Festival de Rotterdam : Primeira pessoa do plural du Portugais Sandro Aguilar, un fascinant et fiévreux labyrinthe qui subvertit les conventions du portrait familial. Dans une veine plus mainstream, Perla de la Slovaque Alexandra Makarova (lire notre entretien) est un drame habilement mené sur une femme poursuivie par les fantômes du passé – plus précisément ceux de la Tchécoslovaquie communiste. Citons encore la comédie Vitrival des Belges Noëlle Bastin et Baptiste Bogaert qui, à travers une enquête lunaire, font le portrait attachant et visuellement élégant d’une folie douce rurale, ou Wind, Talk to Me du Serbe Stefan Djordjevic, un docu-fiction énigmatique et poignant sur le deuil et la permanence du souvenir, et vous aurez une image assez complète de la richesse aussi surprenante que grisante de cette sélection.


John Lilly and the Earth Coincidence Control Office

Si la compétition principale se concentre en premier lieu sur des découvertes plutôt radicales, Rotterdam a également été le lieu pour beaucoup de fantaisie. Hors compétition, John Lilly and the Earth Coincidence Control Office du duo américain Michael Almereyda & Courtney Stephens fait le très étonnant portrait documentaire d’un scientifique devenu savant fou. Dans Dead Lover, la Canadienne Grace Glowicki propose une relecture queer, punk et réjouissante de Frankenstein. Avec Strandzha, la Bulgare Pepa Hristova signe un documentaire aux portes du film fantastique sur passé hanté – et les forêts – de l’Europe de l’Est. Avec Dead Talents Society, le Taïwanais John Hsu réalise une réjouissante et généreuse comédie horrifique sur des fantômes qui, pour survivre, sont contraint d’effrayer les vivant•es. Outre cette réussite taïwanaise, comme chaque année, le festival accorde une large place à un cinéma populaire asiatique qu’on voit relativement peu dans les festivals français – cela va de la fresque fantastique vietnamienne (The Sisters) au thriller horrifique hongkongais (Possession Street). Voilà qui contribue encore à élargir le spectre de cinéma mis en lumière lors du festival.


La Durmiente

Comme chaque année, l’un des temps forts de Rotterdam est sa sélection de courts métrages. Trois de nos coups de cœur figurait en compétition, avec en tête Capitol Limited du duo américano-égyptien Lily Ekimian Ragheb & Ahmed T. Ragheb qui relève le défi de composer un ample récit composé de grands événements (un voyage, un mariage, une tragédie) en seulement… 2 minutes. Dans La Durmiente, la Portugaise Maria Inês Gonçalves, avec une sensibilité proche d’Alice Rohrwacher, filme des garçonnets et fillettes qui contemplent les six siècles les séparant de la petite Beatriz, future reine du Portugal. Dans Common Pear, le Slovène Gregor Božič mêle de manière surprenante fable de SF et documentaire écologique. Mais la plupart de nos découvertes les plus excitantes côté courts figuraient hors compétition : retrouvez notre bilan complet sur les courts métrages.


DOSSIER

Nos 10 courts métrages préférés

NOS CRITIQUES

Alpha.
L’Arbre de l’authenticité
Ariel
The Brutalist
Dead Lover
Dead Talents Society
Deux sœurs
Fiume o morte !
The Fruit
I Shall See
Im Haus meiner Eltern
Jeunesse (les tourments)
Jeunesse (retour au pays)
John Lilly and the Earth Coincidence Control Office
Kouté vwa
Maria
Olivia & Las Nubes
Perla
Possession Street
Primeira pessoa do plural
Soft Leaves
Strandzha
Tardes de soledad
Un gran casino
Vermiglio
Vitrival
Wind, Talk to Me
Wondrous is the Silence of My Master

NOS ENTRETIENS

« Le film est une autobiographie de Koki, un cacatoès » : entretien avec Quenton Miller (Koki, Ciao !)
« Génération après génération, presque toutes les femmes de ma famille ont été des mères célibataires, les hommes étaient absents de leur vie » : entretien avec Alexandra Makarová (Perla)
« Nous voulions utiliser des couleurs chaudes avec un toucher très naturel, pour avoir le doux sentiment de nostalgie/mélancolie » : entretien avec Miwako Van Weyenberg (Soft Leaves)
« La vie, en soi, c’est rien, il faut l’agiter, il faut la mépriser, il faut l’utiliser pour faire quelque chose. L’auto-préservation ça ne vaut rien » : entretien avec Albert Serra (Tardes de Soledad)
« Je voulais traiter de la violence évidemment puisque l’événement l’est, mais traiter aussi de la vie » : entretien avec Maxime Jean-Baptiste (Kouté vwa)

NOS NEWS

Le palmarès
La sélection

+ Notre page consacrée au festival


Nicolas Bardot

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