Entretien avec Thierno Souleymane Diallo

Dévoilé en début d’année à la Berlinale et actuellement en salles, Au cimetière de la pellicule raconte l’intrigant jeu de piste d’un cinéaste à la recherche d’un film mythique et introuvable. Le Guinéen Thierno Souleymane Diallo réalise un film émouvant sur le cinéma, sa mémoire et sa conservation. Il est notre invité.


Quel a été le point de départ d’Au cimetière de la pellicule ?

Le point de départ de ce film, c’est lors de mon Master 1 à Niamey. J’ai découvert que le premier film d’Afrique noire francophone était Mouramani de Mamadou Touré. Dès lors, j’ai commencé à le chercher et j’ai trouvé tout un cimetière de cinéma en Guinée. Cette disparition des films m’a ramené à moi. Est-ce que mes films sont appelés à disparaitre comme Mouramani a disparu ?



Dans quelle mesure la quête au présent d’Au cimetière de la pellicule vous a-t-elle permis de faire un voyage dans le temps et dans la mémoire du cinéma ?

En allant à la recherche de Mouramani, cela m’a permis non seulement de connaitre le passé du cinéma guinéen mais aussi de me reconnecter avec les pionniers, comprendre les problèmes qui ont conduit à sa disparition. Ce film est comme une leçon de cinéma destinée à la nouvelle génération. Il soulève cette question épineuse de la conservation, l’archivage et l’accessibilité des films guinéens et africains. Avec Au cimetière de la pellicule, Mouramani cesse d’être un mythe pour devenir une réalité.



Le film a-t-il été vu en Guinée ? Avez-vous l’espoir qu’il change la manière dont les films peuvent être archivés ?

Le film a été très bien accueilli en Guinée, les spectateurs étaient partagés entre une fierté et une désolation. Je ne peux avoir la prétention que mon film va changer le monde. Par contre, j’ai une forte croyance qu’il va poser le débat et changer la mentalité de ceux qui décident. J’espère qu’on aura la culture des archives.



Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

Les films d’Ousmane Sembène, Abderrahmane Sissako et de Souleymane Cissé m’ont beaucoup inspiré. J’ai eu accès à ces films grâce à Cheick Fantamady Camara qui est aussi celui qui a changé mon regard sur le cinéma.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent à l’écran ? 

C’était avec Les Misérables de Ladji Ly, un film qui m’a beaucoup marqué mais aussi bouleversé.



Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 11 juillet 2023. Un grand merci à Audrey Grimaud et Alice Martins.

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