Festival d’Annecy | Entretien avec Priit Tender

Sélectionné en compétition au Festival d’Annecy, Dog Apartment est un court métrage d’animation dont le personnage principal est un ancien danseur de ballet vivant dans un appartement… qui aboie. Ça n’est pas la seule surprise de ce film loufoque et étonnant, brillamment réalisé par l’Estonien Priit Tender. Il nous en dit davantage sur cette drôle de curiosité.


Quel a été le point de départ de Dog Apartment ?

Le point de départ de Dog Apartment est un poème surréaliste écrit par l’Estonien Andres Ehin. Celui-ci décrit un appartement avec trois pièces qui aboient. Il n’y a pas de texte dans mon film mais plusieurs de ses images sont inspirées par la poésie de Andres Ehin. J’ai transformé ses mots en images, et je me suis amusé avec jusqu’à construire ce récit assez simple mais surréel.



Le décor autour de votre personnage principal (l’appartement qui aboie, le paysage lugubre) joue un rôle important dans l’atmosphère de votre film. Pouvez-vous nous en dire davantage sur la façon dont vous avez imaginé ces décors et travaillé sur cet aspect en particulier ?

Le choix d’utiliser cet environnement est aussi en partie inspiré par ce poème surréaliste écrit durant la période soviétique. J’étais intrigué par le fait que, sous ce régime totalitaire où l’on ne pouvait pas écrire sur la réalité de la vie, l’absurdité et le surréalisme étaient des moyens de s’en échapper. J’ai également été inspiré par les ruines des fermes soviétiques communautaires que l’on peut encore voir en Estonie quand on sort en voiture à une demi-heure des villes. Ces immenses granges fantômes sont comme les monuments d’un passé récent et d’un monde très différent. Construire un monde comme celui-là a également été comme un voyage vers mes propres souvenirs d’enfance.



En quoi l’utilisation de motifs surréels vous ont permis de parler de la réalité ?

Le surréel est un mélange de différentes réalités, c’est comme une fusion d’images qu’on reconnait mais qui sont enchevêtrées ensemble d’une façon inhabituelle. C’est en fait une approche assez constructiviste, et il fallait trouver le bon réglage : ne pas en faire trop avec des éléments fous, et rester proche du réel à 90%. C’est peut-être la raison pour laquelle la majorité du film semble hyperréaliste, je dirais.



Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

Alexander Jodorowsky, Dušan Makavejev, beaucoup de classiques. Ruben Östlund, Thomas Vinterberg, Lars von Trier pour les contemporains. Je regarde beaucoup de documentaires, également des films ethnographiques, comme ceux de Jean Rouch par exemple.



Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?

Je n’ai pas d’idée précise pour un nouveau talent à proprement parler, mais mes dernières grandes expériences de cinéma ont été Aucun ours de Jafar Panahi et Sans filtre de Ruben Östlund – l’une des rares comédies à m’avoir vraiment fait rire.


Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 4 janvier 2023. Un grand merci à Pascal Knoerr.

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