Festival des 3 Continents | Critique : Winter’s Night

Un couple de quinquagénaires visite un temple, trente ans après y avoir passé leur première nuit ensemble. Sur le chemin du retour, la femme s’aperçoit qu’elle y a probablement oublié son téléphone qu’elle souhaite obstinément retrouver.

Winter’s Night
Corée du sud, 2018
De Jang Woo-Jin

Durée : 1h38

Sortie : –

Note : 

L’ARÈNE DES NEIGES

Dans Autumn, Autumn, son précédent long métrage, le Coréen Jang Woo-Jin racontait deux histoires qui s’entrecroisent et dont l’une mettait en scène un couple d’âge mûr. Winter’s Night change de saison mais ce nouveau film ressemble à une variation de son précédent – un couple qui a déjà bien avancé dans la vie, et dont l’histoire se mêle à celle d’un autre couple plus jeune. Jang, jeune espoir d’une trentaine d’années, signe ici un film à nos yeux plus abouti, vivant et réussi.

Winter’s Night se déroule dans une sorte de désert de glace où les visiteurs semblent s’échouer par hasard (les deux protagonistes principaux y sont pourtant à la recherche d’un souvenir commun). Il règne un silence de mort lors de cette nuit d’hiver dans la petite ville de Cheongpyeong ; ce pourrait être lugubre mais Jang brise la glace en installant très vite une tension drolatique. Le réalisateur parvient avec une certaine habileté à nuancer et varier les registres, comme lorsque le travail sur les couleurs et la façon de filmer le décor posent sur le drame réaliste un voile d’étrange onirisme nocturne. La tristesse parfois bien grise est contrebalancée par un rose néon, et se penche au bord d’une cascade de conte de fées.

Film sur les échecs, les imperfections et malgré tout les espoirs de l’amour et du couple, Winter’s Night fait preuve de bienveillance malgré l’amertume. « Vivre, c’est souffrir », entend-on pourtant dans un élan tragicomique. Comme dans tout bon film coréen, on finit par faire un karaoké bourré. Mais le programme attendu se fissure avec bonheur dans Winter’s Night, et l’on ressent avec sensibilité la lumière des petits matins bleus et leur poignante incertitude.

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par Nicolas Bardot

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