Critique : We the Animals

Jonah est le cadet d’une fratrie de trois jeunes garçons impétueux et épris de liberté. De milieu modeste, ils vivent à l’écart de la ville avec leurs parents qui s’aiment d’un amour passionnel, violent et imprévisible. Souvent livrés à eux-mêmes, les deux frères de Jonah grandissent en reproduisant le comportement de leur père alors que Jonah se découvre progressivement une identité différente…

We the Animals
États-Unis, 2018
De Jeremiah Zagar

Durée : 1h30

Sortie : 13/03/2019

Note : 

ANIMAL KINGDOM

Gros buzz festivalier dévoilé en début d’année à Sundance et primé il y a quelques semaines à Deauville, We the Animals est le premier long métrage de fiction de l’Américain Jeremiah Zagar qui s’est auparavant illustré avec des documentaires. Adapté du roman semi-autobiographique de Justin Torres, le film est un récit d’apprentissage qui s’ouvre sur des garçonnets remplis d’énergie et galopant partout. « Plus de volume ! Plus de muscles ! » réclament t-ils. Des gamins qui pourraient ressembler à n’importe quel gamin de leur âge, mais Zagar questionne peu à peu plus finement la question d’identité.

Et si la coming-of-age story de We the Animals peut avoir un aspect universel, elle raconte aussi quelque chose de spécifique sur la mixité raciale et surtout l’orientation sexuelle. C’est l’une des intelligences du film : confronter en toute légitimité un enfant à des questions identitaires, à un âge où beaucoup d’adultes, avec hypocrisie, estiment que la question ne se pose pas. On s’exprime par des dessins, ou bien par des chansons, mais on exprime fort ses sentiments dans We the Animals tout simplement parce qu’ils débordent.

Si le film s’inscrit dans un courant indé américain assez identifié (disons post-Les Bêtes du sud sauvage), We the Animals se singularise par ses régulières idées visuelles. Le long métrage marie avec savoir-faire l’intime et l’épique, le réalisme et la magie. Parmi ses influences, Zagar cite Lynne Ramsay, une réalisatrice dont le cinéma ne reste pas en place – en tout cas pas celle qu’on lui a assignée. On espère que Zagar suivra la même voie après ce film délicat et assez prometteur.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article