Zhao Li dirige une troupe d’opéra traditionnel Sichuan qui vit et joue ensemble dans la banlieue de Chengdu. Quand elle reçoit un avis de démolition pour son théâtre, Zhao Li le cache aux autres membres de la compagnie et décide de se battre pour trouver un nouveau lieu, où ils pourront tous continuer de vivre et chanter. S’engage alors une lutte pour la survie de leur art.
Vivre et chanter
Chine, 2019
De Johnny Ma
Durée : 1h39
Sortie : 20/11/2019
Note :
NOUS LES HÉROS
Johnny Ma (lire notre entretien) s’était fait remarqué avec Old Stone, un premier long métrage qui avait effectivement quelque chose du caillou dans la chaussure : nerveux et surtout jamais là où il est censé être. Loin de la tension horrifique de ce thriller, la comédie dramatique Vivre et chanter garde néanmoins cette très excitante qualité : l’imprévisibilité. Un ton bien à soi. L’origine du projet est d’ailleurs elle-même un pas de côté : d’abord engagé pour simplement documenter la vie quotidienne d’une troupe d’opéra du Sichuan, Johnny Ma a décidé de transformer leur réalité en fiction tout en demandant à chacun des membre de la troupe de jouer son propre rôle.
La troupe en question mélange différentes générations, embarquées tant bien que mal en équilibre sur des motos et camionnettes qui roulent de ville en ville à la recherche de salles où monter leurs décors, en quête d’un public de plus en plus rare. L’avenir de la troupe est incertain, mais les costumes continuent de briller de mille feux, et les couleurs flamboyantes explosent dans le gris des paysages urbains qui les entourent. Ces oiseaux de paradis peinent à trouver un nid où se poser pour de bon. Autour d’eux, la Chine contemporaine a largement entamé sa mutation urbaine. Dans ces quartiers fantomatiques prêts à être détruits, ils appartiennent déjà au passé. Eux non plus ne sont pas là où il sont censé être.
A force de porter ce petit monde à bout de bras, la charismatique Zhao commence à perdre les pédales – à défaut de perdre espoir. Dans le précipice de plus en plus imposant entre son univers traditionnel et le monde réel qui l’entoure, elle voit apparaitre… un esprit. Une divinité ? Un oracle ? Présence bienveillante ou inquiétante ? Ces visions joyeuses et rêveuses sont-elles là pour la faire basculer dans la folie ou au contraire lui donner un regain nécessaire ? Le ton de Vivre et chanter se fait alors plus doux que pessimiste. Ce choix gonflé pare le film d’une bienveillante générosité, un élan solidaire qui déborde jusque dans son beau titre en forme de manifeste.
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par Gregory Coutaut