Festival de Rotterdam | Critique : VHYes

1987. Ralph, 12 ans, enregistre chez lui des vidéos de ses émissions préférées. Mais par erreur, il efface la vidéo de mariage de ses parents…

VHYes
États-Unis, 2019
De Jack Henry Robbins

Durée : 1h12

Sortie : –

Note :

VIDÉO FUTUR

Ces parasites sur l’écran de cinéma qui diffuse VHYes donnent un instant l’illusion de revoir la cassette vidéo usée d’un vieil enregistrement crapoteux de La 5. Le film de Jack Henry Robbins (lire notre entretien) est pourtant bel et bien un film d’aujourd’hui, mais c’est un exercice de style filmé sur VHS et raconté comme un found footage d’images brutes façon zapping. VHYes pourrait rejoindre la ribambelle de films-hommages aux années 80 qui ressemblent parfois à une forme de régression étanche, tournée sur elle-même, à la façon de cette frange actuelle de films d’horreur où la finalité est un peu réduite à « rappeler le bon temps » en vidant celui-ci de sa substance. Heureusement, VHYes, à nos yeux, va plus loin que ça.

Un garçonnet est comme un fou lorsqu’il découvre, en 1987, que la technologie lui permet de filmer et d’enregistrer tout ce qu’il désire. Et à l’image de n’importe quel garçonnet, le héros filme n’importe quoi – un jet de pastèque, des bouts de bois – comme s’il s’agissait d’événements, mieux : comme si cela était filmé pour la première fois. Il y a une fraicheur comique qui fonctionne immédiatement dans VHYes, un vent de folie porté par le geste mine de rien radical du cinéaste. Mais la cascade d’images que le jeune héros capte à la télé correspond aussi au fait qu’il y passe absolument n’importe quoi. Cette tornade d’absurdités est hilarante et on préfère ne rien vous en dévoiler. Le torrent d’idées surréalistes permet en tout cas au film de ne pas se limiter à un défilé de looks dignes de figurer sur des couvertes d’ouvrages PUF – ce qui, en soit, pourrait déjà constituer un bonheur.

Court (1h12), le film est porté par une énergie folle mais il sait aussi varier les registres. Les décrochages successifs en dernière partie sont surprenants et fonctionnent étonnamment. On ne voyait pas forcément venir cette émotion mélodramatique 80s (avec une apparition musicale chic et surprise), ni cette mise en abyme qu’on ne vous spoilera point. Le plus curieux dans ce spectacle qui saisit une époque, ses images, sa texture, sa tonalité, c’est qu’on parle de nostalgie alors que le cinéaste est né… en 1989. C’est peut-être pour cela que VHYes n’est pas tant un film enfermé sur lui-même : la nostalgie ici peut être authentique, mais elle est avant tout une utopie. Que le cinéaste capte ici avec un mélange étonnant de fantaisie et d’attachement.

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par Nicolas Bardot

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