Festival d’Antalya | Critique : Together, We Shall Die

Mazhar tombe amoureux d’Ece, la fiancée d’un de ses meilleurs amis.

Together, We Shall Die
Turquie, 2021
De Hakkı Kurtuluş & Melik Saraçoğlu

Durée : 2h39

Sortie : –

Note :

LES AMANTS MAUDITS

Dans le cadre de la sélection turque du Festival d’Antalya, riche en drames réalistes et en austères paraboles, Together, We Shall Die des cinéastes Hakki Kurtulus et Melik Saraçoglu fait office d’incroyable vent de nouveauté. En quelques minutes à peine, le film décolle vite et loin : des plans particulièrement brefs, pas de dialogues mais des voix off venues d’on ne sait quelle époque, une mise en scène sensorielle à base de ralentis et gros plans, une histoire d’amour qui va de point d’orgue en point d’orgue. Ce n’est plus une introduction, c’est un tourbillon.

Avec cette mise en scène davantage inspirée de Wong Kar Wai que des maitre turcs, avec un allant digne du cinéma populaire indien, le film cherche à donner à son histoire d’amour des dimensions épiques. En quelques secondes à peine, Mazhar tombe amoureux de la fiancée de son meilleur ami. Cet amour est réciproque, puissant, immédiat et pourtant déjà maudit, soumis à des éléments abstraits. A travers un réalisme magique qui pourrait d’ailleurs faire écho au Géorgien Sous le ciel de Koutaïssi, la ville entière est ici filmée comme une entité qui conspire contre les amants. Fable poétique sans garde-fou, Together, We Shall Die n’a pas peur du ridicule, mais c’est ici peut-être moins une qualité qu’un défaut.

Le film a beaucoup d’ambition, mais est lourdement lesté par un écueil difficile à ignorer : celui d’être à la fois trop long et trop plein, et de ne pas pouvoir échapper à un essoufflement très dégrisant. A force de vouloir stagner au sommet sur la même note, le film peine à respirer et s’embourbent dans des répétitions. La poésie devient convenue, les élans romanesques deviennent hystériques, les protagonistes lunaires (servis par deux bons interprètes) se font agaçants. Quelle frustration de voir tant de potentiel gâché. Les cinéastes auraient sans doute bénéficié de prendre un risque plus audacieux encore : rendre leur tour de magie bien plus bref et raccourcir l’ensemble de moitié.

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par Gregory Coutaut

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