Festival Black Movie | Critique : Tatami

La judoka iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent au championnat du monde de judo avec l’intention de ramener la première médaille d’or de l’Iran. Au milieu de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et de perdre. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila est confrontée à un choix impossible : feindre une blessure et se plier au régime iranien, comme Maryam l’implore de le faire, ou les défier tous les deux et continuer à se battre pour remporter l’or.

Tatami
Géorgie, 2023
De Zar Amir Ebrahimi & Guy Nattiv

Durée : 1h45 

Sortie : –

Note :

LE COEUR AU COMBAT

Dévoilé et primé à la dernière Mostra de Venise, Tatami est une collaboration inédite entre un Israélien (Guy Nattiv, réalisateur de Skin ou plus récemment Golda) et une Franco-Iranienne (Zar Amir Ebrahimi, l’actrice entre autres des Nuits de Mashhad). Tous deux ont quitté leur pays de naissance (lui vit aux Etats-Unis, elle en France), ce qui ajoute une résonance particulière à l’histoire racontée dans leur film. Tatami, qui se déroule et est tourné sur un terrain, en quelque sorte, neutre (en Géorgie) dépeint le dilemme d’une sportive iranienne qui va devoir choisir entre refuser de combattre ou devenir une paria.

Car même sur le tatami d’un championnat international, le gouvernement iranien s’insinue. La judoka se bat sur le terrain mais ses combats vont bien au-delà de l’enceinte du stade. La caméra portée est au cœur des rencontres et ce dynamisme nous immerge dans les affrontements. Mais l’effet dramatique le plus saisissant de la mise en scène est l’utilisation particulièrement expressive du noir et blanc. La blancheur du tatami tranche avec la pénombre qui l’entoure, le public est là mais reste invisible, et le tatami est filmé comme une scène de théâtre où l’on jouerait sa vie. Ce parti-pris plutôt radical est l’une des forces du long métrage.

A nos yeux, le tracé très linéaire du scénario prive Tatami de plus de relief. Le film parvient néanmoins à décrire la pression et la charge mentale qui accablent son héroïne ; il a également une approche directe tranchant avec les paraboles iraniennes qui nous sont familières. La qualité d’interprétation (dont Zar Amir Ebrahimi elle-même dans le rôle de la coach) et la puissance du sujet sont d’autres atouts de ce film courageux et plutôt habilement mené.

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par Nicolas Bardot

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