TIFF 2023 | Critique : Secaderos

Le paysage d’une zone rurale espagnole est rempli de mystérieuses granges à tabac. Trois générations passent un été dans une petite ville qui est un terrain de jeu pour les enfants, une prison pour les adolescents et un lieu de mémoire pour les aînés.

Secaderos
Espagne, 2022
De Rocio Mesa

Durée : 1h38

Sortie : –

Note :

LE DERNIER ÉTÉ

Primé l’an passé au Festival de San Sebastian, Secaderos est le second long métrage (et premier film de fiction) de l’Espagnole Rocio Mesa. Il ne s’agit pas d’un film autobiographique, mais la cinéaste dit s’être inspirée de sa propre jeunesse dans la région de Grenade. Par son décor rural, ses thématiques familiales et sa sensibilité, Secaderos s’inscrit dans la lignée prometteuse des récents Nos soleils de Carla Simón (Ours d’or 2022) et El Agua d’Elena Lopez Riera (sélectionné à la Quinzaine), deux cinéastes de la même génération que Mesa.

Secaderos se distingue par la place accordée au fantastique. Très vite, on peut voir une étrange créature de tabac se promener dans la nature, un peu comme si un esprit divin de Miyazaki avait remplacé la créature de Frankenstein dans L’Esprit de la ruche. Ce monstre gentil et merveilleux matérialise le regard enchanté que les plus jeunes portent sur la nature – une nature qui est d’un ennui mortel pour les adolescent.e.s et qui est marchandée par les adultes. Cette idée poétique est sans aucun doute le point fort du long métrage.

Le film, à nos yeux, reste encore un peu sage et trop fidèle à ses archétypes. Le fantastique se situe aux marges plus qu’il n’est un moteur, et les dynamiques familiales demeurent assez prévisibles. Secaderos est néanmoins traversé par un charme tranquille et attachant, dans sa peinture des jeux enfantins, des expérimentations adolescentes et d’un décor éternel (la maison des grands-parents, ses bibelots et Jésus lumineux, et à plus grande échelle la nature qui l’entoure) prêt à être englouti par le présent.

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par Nicolas Bardot

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