Festival de Turin | Critique : Runner

Haas est une jeune fille de dix-huit ans élevée par un père célibataire dans le Missouri. Lorsque son père meurt subitement, elle doit l’enterrer seule. Afin de respecter les termes de son testament, elle doit le ramener dans la communauté où il est né, dans le Mississippi.

Runner
Etats-Unis, 2022
De Marian Mathias

Durée : 1h16

Sortie : –

Note :

TANDIS QUE J’AGONISE

L’Américaine Marian Mathias a été remarquée il y a quelques années avec son court métrage Give Up the Ghost qui fut sélectionné à la Cinéfondation. Ironiquement, Give Up the Ghost pourrait être le titre de son premier long métrage, Runner, présenté en première mondiale au Festival de Toronto et cette semaine à San Sebastian. Une jeune femme de 18 ans, Haas, perd subitement son père, dont le fantôme – métaphorique – l’accompagne en attendant son enterrement. Pendant ce temps, Haas fait une rencontre inattendue qui ressemble à une lumière dans cette nuit noire.

Runner est visuellement remarquable. La jeune cinéaste met en scène des tableaux à la Andrew Wyeth et fait preuve d’un sens de la composition assez fort. C’est une chambre qui semble hantée, de grands cieux chargés, des rayons qui tombent des nuages ; on s’immerge et on ne sait plus trop à quelle époque tout cela se déroule. Le récit étant assez épuré, l’émotion dans Runner est avant tout transmise par son esthétique, ce nuage gothique qui pèse sur chaque plan et qui donne au récit des allures d’agonie post-apocalyptique – dans cet endroit où même les tombes ne peuvent plus accueillir les morts. Ce soin formel donne du relief à ce court film (1h16).

Cela peut aussi être un piège. Runner n’a certes pas pour vocation d’être une farce, mais le film manque parfois de se noyer dans sa propre solennité. Cafardeux, pas excessivement généreux, ce pari est parfois au bord de l’écrasement et manque un peu d’oxygène. Paradoxalement, la fin du long métrage arrive un peu vite et donne le sentiment qu’il manque un petit bout de film. S’il peut manquer de consistance sur la longueur, Runner révèle néanmoins une cinéaste avec un regard – une qualité précieuse pour un premier film.

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par Nicolas Bardot

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